Painkillers and Alcohol de judah warsky

À son premier quartier, mélancolie, d’une pâleur magnifique. Plus d’autre mouvement que le glissement de l’obscurité. Ici et ailleurs, palpant l’intangible cœur de tes doigts et de ta bouche, cerveau-feuille humant des forêts les secrètes fontaines, l’herbe minérale coupante, aux doigts de scie, empruntant aux lèvres de l’eau les rivages de grès et d’hyacinthes, tu avances dans le poumon de l’air aux vitres de saphir.

Accroupi, le regard fixe, tu interprètes les craquelures que font les pointes de soleil sur la croûte terrestre. Rien n’y sera jamais écrit. Ici, Augé et Hespéris dansent ventre contre ventre sur Painkillers and Alcohol de Judah Warsky. Venez ! te disent-elles.

Leurs arômes, dictames aigres-doux de sueur et d’ambre tressés dont les cirrhes enserrent le seuil du vide, remplissent l’illimité. Elles m’encouragent encore. – Passez ! me répètent-elles.                                                                                                         Apparaissent alors flottant sous le ciel de ta chambre, dans leur propre matière, des jarres de pluie et des bâtons pour les briser, et sous une jupe d’étoiles, agate entre les lèvres, une sirène hermaphrodite.

Tu es enfermé dans un sein dont l’aréole fleurit et sonne à chaque fin du monde. L’obscur a sa route, lieu clos, âpre. Langue de neige et de nuit que la parole étreint et prolonge ou éteint. C’est maintenant ou jamais de laisser la mort à sa place, assise et coite.

À la première seconde, s’enfante une mère (on n’y peut rien), le visage de soi. L’image reptile en un éclair entre par l’œil pour se lover derrière le front. Le thalamus, chambre nuptiale des ombres, absorbe alors cette brillance en lui mangeant les lèvres. Empreinte. L’inquiétude ensuite, infinité gravide, s’engendre dans la suivante. Ainsi tu traverses ceux qui firent tomber les autres, au fil des morts, tout en bas, dans des profondeurs, sur les cimes où il n’est plus question de fuir mais de dire les ombres, les averses de silence. En permanence, l’esprit resserre le lacet des courbes et droites du réel, avale tes ombres. Tu te couches en chien de fusil, les mains serrées sur ton museau. N’attends pas de devenir.

Tes premiers visages ne sont plus. Jusqu’au livre, tiens-toi sur le seuil, surveille tes images.

Sur l’autoroute, tu souris intérieurement aux lacunes et aux précipités de ta pensée. Lancée à 130 km/h dans la chaleur de l’été, la voiture est un four cinétique où se lèvent et cuisent les songes. Tu pilotes une Ariane qui vole sur ses enjoliveurs chromés.

https://www.youtube.com/watch?v=QkK1YLiyfbA

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