Patrice Maltaverne Double séparation Editions du Contentieux

Double séparation, c’est d’abord un rythme, une pulsation qui fait de ce texte un monologue très inspiré. J’y ai entendu une véritable voix accompagnée par de longs et lents riffs de guitare électrique.

Ce murmure atonal parle de l’humanité, de ses visages et de ses regards en abyme.

Pour moi, Patrice Maltaverne est un vidéaste.

Son œil est sa caméra. Il regarde ces regards, suit tous ces corps en mouvement empêtrés dans l’espace où mystère et réel étroitement liés ne leur facilitent pas la tâche. Comme tout grand photographe, ce poète est aussi un peintre, c.-à-d. celui qui voit dans le moindre geste la réverbération des êtres et des choses.

Sa vision est tactile. Mais il sait que tout ce qui est observable à travers l’invisible est aussi question d’interprétation.

Sous nos yeux, le développement du négatif, la translation est permanente mais jamais tout à fait complète, même si parfois les hypothèses poétiques de l’auteur apparaissent soudain comme de terribles évidences. Le film (le chant, le poème, la musique) se poursuit implacablement dans la lenteur comme une prière, une conjuration du sommeil et des fictions qui savent eux parfaitement polluer le songe et le langage.

Oui, il y a quelque chose de désenchanté dans la prose de Patrice Maltaverne, mais on pourrait écouter son blues sans cesse jusqu’à ce que le silence finisse par gagner.

« Il serait normal / Que nous allions dans le même sens/ Indistinctement vers la nuit/ Sans rien nous dire / Ensemble soudés / Comme du métal de portière.

 

5 € Aux Éditions du Contentieux

7, rue des gardénias

31100 Toulouse

 

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