terre-à-terre

La discussion a commencé le jour où les cartes du ciel et du monde et par affleurements imperceptibles d’inflorescences minérales et végétales un infini roman des images des traces des nombres des silhouettes apparurent.

Place Émile Goudeau sous un ciel de lampas accompagné d’une Reine et d’un chien j’ai passé des nuits avec dans les veines un soleil et dans la gorge toutes ses musiques voix aux teintes roses et bleues. Des femmes parfois sortaient des maisons. Aurores impossibles. Des femmes à la bouche impossible. Je sus alors que le pays des morts s’atomisait en soleils en vitesse permanente sonore et lumineuse rayant sans cesse le nitre de nos murs d’ignorance pour que libellules et demoiselles la nymphe de Grèce le Leste dryade l’Agrion nain l’Agrion hasté l’Agrion mignon l’Aeschne paisible la Grande Aeschne le Cordulégastre annelé le Cordulie à deux taches le Sympétrum noir Le jaune d’or La Leucorrhine rubiconde les criquets grillons et sauterelles comme la Mante religieuse le Dectique verrucivore le Conocéphale gracieux le Grillon d’Italie l’Oedipode turquoise aux ailes bleues lors du vol le Criquet de Barbarie les cigales cicadelles pucerons et autres cochenilles la Cigale des montagnes le Grand Diable les chrysopes et fourmilions tels l’Ascalaphe ambré l’Ascalaphe soufré le Fourmilion longicorne l’Osmyle à tête jaune la Panorpe alpine les Coléoptères comme la Cicindèle à labre noir le Cybister à côtés bordés l’Elaphre multiponctué l’Ophone cordiforme le Pœcile tricolore le Pœcile fovéolé le Ptérostique charbonnier le Synuque des bois l’Anchomène brun-de-poix la Célie aplatie le Zabre court le Chlénie des vasières l’Oode gracile Le Panagée à grande croix la Cymindie piquetée le Calosome à points d’or la Cétoine marbrée la Cétoine érugineuse le Grand Bupreste du Chêne du Hêtre et du Genévrier le Lacon des Chênes le Méloé printanier au ventre bleuté l’Aegosome scabricorne le Lamie tisserand les guêpes bourdons et abeilles comme le bourdon de Franklin le Bourdon des sables le Bourdon du Trèfle le Bourdon des friches le Bourdon forestier le Bourdon des clairières le Bourdon variable le Bourdon rural les papillons et chenilles la Zygène de la Bruyère le Grand Paon de nuit le Bombyx des buissons l’Hespérie du Brome le Flambé le Gazé la Piéride de l’Ibéride la Thécla de l’Orme l’Azuré des Cytises de la Sarriette du Genêt et celui des Coronilles le Grand Sylvain la Petite Violette la Grande Tortue ou Vanesse de l’Orme le Morio la Mélitée du Plantain La Mélitée des Centaurées La Mélitée orangée celle du Mélampyre le Petit Agreste ou Mercure le Sylvandre le Faune le Moiré franconien l’Ecaille tachetée l’Ecaille marbrée rouge ou Ecaille lustrée ou Ecaille rouge la Grande Queue-Fourchue la Hausse-Queue grise la Voile la Noctuelle trapue ou Noctuelle épaisse l’Oméga ou Noctuelle augure la Noctuelle verte ou Noctuelle couleur d’herbe la Noctuelle teinte ou Noctuelle du Bouleau et celle dite marbrée ou Noctuelle du Pied-d’Oiseau le Tréma blanc la Dianthécie parée la Noctuelle des Silènes la Noctuelle carpophage la Coureuse et la typique la Leucanie du Roseau ou Feu-Follet la Ceinture noire la Noctuelle améthyste la dite radiée ou Noctuelle rayonnée le Double-Feston ou Noctuelle équivoque celle du Rubanier et celle dite du Roseau-à-balais ou Noctuelle des roselières la Nonagrie du Phragmite la fourmi Dracula mais aussi l’ail odorant l’ail à petites fleurs la buglosse crépue l’armoise insipide la doradille à feuilles cunéiformes l’astragale épiglotte la jacinthe à trois feuilles la laîche des glaciers le carpésium penché le souchet jaune la dryoptéris pâle l’éphèdre de Négri la rose de Paracelse le panicaut fluet de Barrelier l’évax à fruits hirsutes le genêt de l’Etna le géranium de Bohême le glaïeul imbriqué l’immortelle des sables le séneçon de Persoon la gesse à deux types de fruits la gesse à petites fleurs le lavatère à grandes fleurs le mouron à feuilles charnues la nigelle des champs le cirse de Syrie la primevère de Haller la renoncule de Sylvie la romulée d’Arnaud la saxifrage à feuilles d’épervière la saxifrage œil-de-bouc le silène attrape-mouches l’épiaire maritime la stipe à petites fleurs la tanaisie annuelle le trèfle raboteux la tulipe de Didier du Mont-André à feuilles planes à stigmates aplatis et celle de Villarclément la vesce glauque la violette de Rouen la fougère Woodsie de l’île d’Elbe l’érable à feuilles obtuses la nivéole de Nice le henné jaune l’ail semblable l’antinorie fausse-agrostide l’aristoloche de l’Écluse l’armérie de Soleirol la doradille élégante l’astragale fausse queue-derenard le bifora testiculé la lunetière de Dijon et de Rotgès le brome fasciculé la buplèvre ovale la campanule cervicaire le chardon à fleurs fasciculées la laîche de Buxbaum à longs rhizomes et des tourbières la petite centaurée à fleurs serrées celle de Favarger et la fausse scille la centranthe à trois nervures la céraiste d’Illyrie le mélinet à petites fleurs le cheilanthès des Guanches le cirse d’Italie la danthonie des Alpes le daphné strié le lycopode d’Issler et de Zeiller Drave blanchâtre l’élatine de Brochon la bruyère du Portugal l’érinacée piquante la fuirène pubescente la gagée de Poméranie la fausse garance le gaillet trifide la garidelle fausse-nigelle la benoîte à fruits divers le glaïeul des marais le malaxis des tourbières le pastel des Alpes l’hélianthème d’Égypte l’ipomée sagittée l’isoète de Bory le jonc de Desfontaines l’hélianthème à lunules l’hyménophyllum de Wilson le cumin à grandes fleurs le sélin douteux la laitue à feuilles de chêne le statice de Bonifacio le dur le humble et celui de Patrimonio et de Porto-Vecchio la innée boréale l’ivraie du Portugal et l’enivrante la salicaire faux-thésium la malcolmie naine la malope fausse-mauve la matthiole du Valais la luzerne rugueuse la mercuriale de Corse le népéta des champs le laurier rose l’euphraise des Cévennes la bugrane diffuse l’ophrys de l’Aveyron l’orobanche de Bartling l’andromède bleue la marguerite à feuilles d’agératum le polycnème des champs la renouée à balais le potamot allongé la potentille multifide le faux chêne-liège la renoncule à fleurs latérales la centaurée australe la romulée de Ligurie le séneçon de Rosine du Rouergue et des cours d’eau le silène rose-du-ciel et celle de Requien le sisymbre à nombreuses cornes l’épiaire à rameaux courts la stenbergie à fleurs de colchique la subulaire aquatique le séneçon des marais la germandrée arbustive la tulipe d’Agen de l’Écluse et de Lortet la tulipe précoce la verveine couchée la véronique à longues feuilles la violette naine l’achillée noirâtre l’achillée musquée la nivéole de Fabre l’adonis des Pyrénées l’aéthionème de Thomas l’agrostide de Durieu l’agrostide grêle l’ail linéaire de Corse et de Sicile le doré et le noir le petit Althénie filiforme l’alysson à feuilles en coin l’alysson de Loiseleur de Robert et de Bassi l’ambrosine l’orchis à long éperon l’anagyre fétide le muflier à fleurs lâches l’androsace couleur de lait et celle du Nord l’andryale de Raguse l’anémone palmée l’anthémis à rameaux tournés du même côté l’anthyllide faux-cytise l’antinorie insulaire l’ancolie de Litardière la sabline de Bertoloni et de Lozère l’aristoloche tyrrhénienne l’armérie de Malinvaud et la piquante l’armoise arborescente la noirâtre et celle de Molinier la canne de Pline l’aspérule à tiges capillaires la doradille sagittée et celle des Baléares l’aster des Pyrénées et de Willkomm l’astragale bétique l’astragale glaux de Lienz et de Marseille l’atractyle humble la bassie à fleurs laineuses la pâquerette pappuleuse la lunetière de Neustrie le botryche à feuilles de matricaire et le simple le chou insulaire le grémil de Gaston le buplèvre de Gérard la calla des marais la campanule blanchâtre de Baumgarten et de Jaubert la cardamine fausse-chélidoine celle à feuilles épaisses et celle de Grèce le chardon du mont Aurouse la laîche brun-noirâtre la rigide celle de Fritsch de Griolet à épi noir à petite arête et celle mucronée et à feuilles engainantes la carline à longues feuilles la cardoncelle bleue la centaurée de la Clape et à feuilles de navet la céphalaire de Transylvanie le céraiste de Ligurie le cerfeuil noueux le cheilanthès d’Espagne l’épinard-fraise en baguette le cirse en hérisson et le glabre la colchique de Corse le coléanthe délicat la dauphinelle d’Espagne le corisperme de France la cortuse de Matthiole le cosentinia velu le cotonéaster du Dauphiné la crépide des Alpes rhétiques le crocus de Ligurie le cyclamen des Baléares la cynoglosse à pustules le souchet tardif le sabot de Vénus la cystoptéris diaphane le cytise d’Ardoino la dauphinelle des montagnes tachetée et dauphinelle staphysaigre l’œillet fourchu de Gysperger la dioscorée des Pyrénées le lycopode petit-cyprès Le doronic de l’Écluse la drave de Hoppe de Loiseleur et des neiges le dracocéphale d’Autriche le dryoptéris des Cévennes le dryoptéris à crêtes le genêt très épineux la vipérine à calice persistant et celle des sables l’élatine poivre d’eau le chiendent de Corse l’endressie des Pyrénées la bruyère de l’ouest l’érigéron de Paoli l’érodium lacinié et de Rodié l’euphorbe de Corse à feuilles et de péplis la fétuque de Breistroffer et de Lahondère la fritillaire d’Orient la gagée du Maghreb de Polidori du Luberon la naine et celle à spathe le gaillet minuscule et de Capraia le genêt ailé du Dauphiné à feuilles de lin et radié la gentianelle ramifiée le géranium à feuilles argentées divariqué d’Endress et à grosses racines le salsifis intermédiaire la benoîte hispide le glinus faux lotier l’arroche à fruits pédonculés l’héliotrope couché l’ache à pédicelles épais la berce des Alpes l’avoine odorante le fer-à-cheval à fruits nombreux l’alysson des Pyrénées le cumin pendant le millepertuis de Corse la porcelle à une tête l’ibéris charnu l’inule faux-hélénium l’iris sans feuilles et à feuilles en forme de glaive l’isoète grêle et à spores spinuleuses le séneçon de Haller le jonc du littoral la kundmannie de Sicile le laser à feuilles à trois lobes la spéculaire scabre la grande Petite lentille la lentille de Lamotte la passerage de Villars la marguerite tomenteuse de Burnat et du Midi le grand statice le strict le douteux le diffus celui à feuilles obtuses de Companyo et l’anglo-normand la linaire à petites fleurs et l’effilée la lindernie couchée le liparis de Loesel lobélie de Dortmann loeflingie d’Espagne la scabieuse simple lysimaque éphémère la mauve de Crète le marsiléa pubescent la luzerne ciliée à cornes nombreuses à fleurs unilatérales et celles de Soleirol et de Tenore le mélilot de Sicile l’ornithogale d’Arabie la mérendère à feuilles filiformes le mésembryanthème à cristaux la moehringie de Le Brun le myosotis de Soleirol et des grottes la nananthée de Corse la petite narcisse l’orchis conique la népéta à larges feuilles la nonnée fausse-vipérine l’euphraise visqueuse l’omphalodès à feuilles de lin la bugrane de l’Aragon sans épines et celle dite faux pied-d’oiseau l’onoporde acaule et l’autre à tête laineuse l’orcanette de Vaud l’ophrys miroir celle dite tenthrède et celle à fleurs peu nombreuses l’oréochloa distique l’orobanche pubescente la sanguine et celle couleur de lavande l’oxytropis de Foucaud le pavot de Lapeyrouse le pavot occidental et celui à feuilles pennatifides la renouée à feuilles de saule l’alpiste à épi court la fléole subulée la raiponce en forme de cœur la picride fausse rhagadiole la pilulaire délicate la pimpinelle jaune et celle à feuilles de sium le pin mugo le plantain de Cornut la renouée de Robert la fée Polystic de Braun la potentille du Dauphiné et l’arbustive le grand prasium la primevère d’Allioni la scille de Corse le prunier du Portugal et le prostré le ptéris de Crète la puccinellie de Foucaud la pulicaire de Sicile la renoncule à feuilles étroites – à grandes feuilles – de l’ombre de Rion de Canut et celle dite boursouflée le rhapontique faux-artichaut le rhinanthe pseudo-antique le rhododendron cilié la roemérie intermédiaire la romulée de l’Assomption et de Florent la patience aquatique la saponaire à feuilles de pâquerette la gazonnante et la jaune le sarcocapnos à neuf folioles la saussurée discolore la saxifrage bulbifère à nombreuses fleurs celles du Pays de Vaud la rose la variable et celle d’Hariot la scabieuse de Corse le scandix étoilé le schismus barbu le solyme à grandes fleurs la scorsonère à petites fleurs la sécurigère à fruits le faux l’orpin amplexicaule et celui du littoral la sélaginelle de Suisse le sérapias de la Nurra la serratule à feuilles de chanvre la séséli de Djiane la seslérie insulaire et ovale le silène à feuilles de pâquerette de Bordère le négligé le faux-orpin le velouté et celui de Pétrarque la moutarde pubescente le sisymbre raide le maceron perfolié la soldanelle velue la spergulaire à deux étamines la spiranthe d’été l’épiaire hérissée et à feuilles de marrube le staphylier penné la succowie des Baléares la tanaisie d’Audibert le pissenlit de Bessarabie à ligules en capuchon et le tardif le séneçon de Balbis la germandrée aristée celle à étamines courtes et celle dite faux petit-pin le pigamon tubéreux le thésium humble la passerine de Ruiz la tofieldie boréale le trèfle de Hongrie le diffus le tronqué celui des rochers et celui dit fausse-fléole la trisète de Conrad et celle dite grêle la tulipe de Billiet le nombril de Vénus à fleurs horizontales l’urginée fugace l’utriculaire intermédiaire et celle du Nord la vaillantie hérissée la valériane celte la mâche hérisson le vérâtre noir la vesce argentée – la plaisante et celle du mont Cusna la violette sous-arbustive la pennée et celle du Larzac la pensée de Roquebrune la zannichellie à feuilles obtuses et la peltée l’achillée à feuilles de camomille la nivéole à feuilles longues l’adonis printanier le muflier de Corse l’androsace ciliée l’anémone trifoliée la sabline cendrée la modeste et celle de Provence l’aspérule de Turin l’astragale de Bayonne et celle dite hérissée d’aiguillons la jacinthe de Rome la pâquerette de Bernard la lunetière d’Auvergne la bufonie à feuilles étroites la caldésie à feuilles de parnassie la campanule de Bologne le chardon à épingles la kobrésie simple la laîche à bec court – la fimbriée – la maritime et celle dite à épis d’orge la centaurée de Jordan la céraiste des Pyrénées le caroubier le chérophylle élégant la paronyque en cyme la scille à feuilles ondulées le ciste ladanifère le calament de Corse le colchique nain le cytise de Sauze l’œillet à fleurs géminées la cardère féroce la drave des bois et la tomenteuse le dryoptéris tyrrhénien le petit scirpe l’érodium de Corse le glanduleux et celui dit de de Manescau le panicaut des Alpes l’euphorbe de Gay et des Pyrénées la petite férule des champs la cotonnière arrondie la gennarie à deux feuilles la gentianelle amère le grémil prostré la glaucienne corniculée le sainfoin de Briançon l’hélianthème à feuilles de lavande l’arum mange-mouches l’ache rampante la ketmie des marais l’épervière à poils blancs le peucédan de Schott le cumin couché l’ibéris en ombelle et le nain le séneçon des Alpes le jonc arctique et des Pyrénées la jurinée naine la fausse bardane réfléchie la gesse à vrilles et la gesse de Vivant la statice fausse-férule la linaire à feuilles de thym le lycopode des tourbières la lysimaque à fleurs en épi la salicaire à feuilles de thym la marsilée à quatre feuilles la moehringie faux-orpin l’iris faux-sisyrhynque le myosotis à petites fleurs le tabouret précoce l’ophioglosse des Açores le bombyx l’ophrys élevé l’orchis de Lange la pivoine de Moris l’astérolide maritime la raiponce de Villars le polygale grêle la renouée de Ray le potamot filiforme la grande Fausse girouille des sables la renoncule porte-cœur à fleurs nodales et de Revelière le saule de Cerdagne la saxifrage cotylédon et l’ascendante le silène à fleurs vertes le trèfle des forêts l’utriculaire jaunâtre la vesce élevée la violette des coteaux la pensée de Corse et de Lapeyrouse l’Egyptienne ammi cure-dent ou fenouil annuel le chêne Kermès l’arbre carquois de Namibie l’orme le sapin du Guatemala l’araucaria du Chili le palissandre de Rio l’afromosia le cèdre le cyprès le pseudotsuga le sapin le genévrier l’agathis australis le pin le podocarpus l’épicéa l’if le séquoia l’acajou amer le peuplier noir le cèdre du Cap le moabi (l’arbre de vie) pour que le gecko à queue feuillue l’okapi le râle à miroir l’antilope céphalophe le narval le mara le dauphin de l’Irrawaddy et de l’Indus le zèbre des plaines l’éléphant d’Asie le poisson-clown la girafe le loup d’Europe le lynx d’Espagne le corail acropore le Panda Géant la tortue à nez de cochon la perruche le ara à gorge bleue la perruche cornue le kakariki l’anguille d’Europe l’albatros des Galapagos le manchot empereur la licorne le cagou huppé le gorille des montagnes l’antilope Eurasiatique dite Saïga le martin-chasseur de Niau le perroquet à face jaune le canard de Meller le busard de Maillard le vison d’Europe le lori nonnette le lori ultramarin le garrulaxe du Père Courtois le ara à front rouge le cacatoès des Philippines le tuit-tuit la panthère de Floride le harle huppard du Brésil l’ibis de Bernier le crocodile du Siam l’addax l’oiseau-lunettes des Seychelles le tigre de Sumatra du Bengale et de Sibérie le taille-vent le fouquet noir le Grand requin le cougar le vison d’Europe l’addax le chimpanzé l’albatros des Galapagos le pélican frisé l’anguille d’Europe le guépard asiatique le chinchilla brevicaudata la panthère de Floride la loutre de mer l’hyperoodon le bruant ortolan l’autour des palombes la marouette ponctuée l’orang-outan l’atèle la baleine grise et la pygmée le poisson-chat géant du Mékong le bonobo le cœlacanthe la tortue luth le crocodile du Siam le koala le couguar le dugong le guépard le loup d’Abyssinie les vers de terre géant d’Australie l’aigle botté de Bonelli et celui dit pomarin le gobe-mouche nain le blongios nain l’outarde barbue les grenouilles l’épervier d’Europe le gypaète barbu le macareux le faucon gerfaut la glaréole à collier la bondrée apivore l’ibis falcinelle le léopard des neiges le pétrel tempête le pic à dos blanc et le cendré l’ours polaire le pygargue à queue blanche la sarcelle marbrée le fabuleux tétras lyre l’ibis chauve la kakapo le pélican frisé le quetzal resplendissant les vers de terre géants d’Australie le percnoptère si cher à Bernard Manciet le manchot le gavial du Gange la moule perlière d’eau douce l’esturgeon le flétan le mérou la tortue verte la baleine bleue la boréale et celle à bosse le béluga le pika d’Amérique le bison d’Europe le caribou le renard de Darwin le phoque de l’Arctique le rorqual commun le Grand cachalot l’addax sans omettre les glaciers de la Colombie Britannique du Montana des Rocheuses Canadiennes du Nunavut de la chaîne volcanique Nord-Américaine dite des Cascades les glaciers des Roches de Chèvre de l’Olympus du Mont Baker des Stratovolcans Mont Rainier Mont Saint Helens Dakobed et Klickitat et ceux des Mont Hood et Jefferson des Montagnes de Wallowa et celles dites Des Trois Sœurs de la Sierra Nevada du Colorado du Montana de l’Utah et du Wyoming le glacier Siachen en Inde avec ceux du Baltoro du Batura et du Biafo au Pakistan du Chimborazo en Equateur du Fedtchenko au Tadjikistan et ceux d’Inylchec et de Carstensz au Kirghizstan et en Indonésie comme les glaciers de Tasman le Hooker le Franz et le Fox de Nouvelle-Zélande d’Aletsch de Fiesch et du Gorner en Suisse la calotte du Mont Sanford le Lamplugh le Chedotlothna l’Aurora le Bacon le Lacuna et celui dit des Rapids le Holgate le Brooks le Buckskin le Byron le Caldwell et le Cantwell les Glacier le Conte et la Perouse le Carroll le Charley le Chenega le Chickamin le Clark le Cul-de-sac le Cushing le Dall le McCarty le Davidson l’Eldridge l’Exit le Fairweather le Fleischmann le Foraker le Geikie le Gilman le Godwin le Grand Pacific le Grand Plateau le Grewingk le Gulkana le Guyot le Harding Icefield le Harvard le Hawkins l’Aialik l’lsek le Herron le Hoonah le Hubbard le Hugh Miller le John Hopkins le Champ de glace de Juneau le Kadachan le Kahiltna le Kanikula le Kashoto le Kennicott le Glacier de Klutlan et celui de Kuskulana le Lituya le Matanuska des montagnes Chugach le Brooks Range le Meares le Mendenhall le Miles le Morse le Muir le Muldrow le Nabesna et celui dit de Novatak le Pedersen le Peters le Portage le Princeton le Reid le Riggs le Ruth le champ de glace du Sargent le Scott les Ombres le Plateau le Straightaway le Sunrise le Sunset le Tana le Tatina le Tazlina le Tokositna le Topeka le Toyatte le McBride et le McCall le Traleika le Tustumena le Tyeen le Glacier varié le West Fork le Yahtse le Yale le Glacier Yakutat et le Yentna le Logan le Martin River le Malaspina le Chenega le Taku le Brady le Béring le Columbia et le Barnard en Alaska le Brüggen du Chili le Glacier Nord du Popocatépetl les champs de glace Sud et Nord de Patagonie le Storebjorn le Tingmjarmiut l’Akuliarutsip Sermerssua le Knud Rasmussen le Glacier d’Apusiaajik de Bernstorff de Kangerlussuaq et celui dit de Kangerdlugssup le Steenstrup le Borgjokel le Bredebrae le Chamberlin l’Ejnar Mikkelsen le KJV Steenstrup le Fenris le Fimbul le Frederikshaab le Gades le Nioghalvfjerdsbrae le Garm le Hagen le Hans le Harald Moltke le Hayes le Heilprin le Helheim le Humboldt le Sermeq Silardleq le Nunatakassaap Sermia l’Hutchinson l’Ingia l’Igdlugdlip l’Ikertivaq le JP Koch le Jakobshavn Isbræ le Glacier le Kangerdluarssup Sermia le Karale le Kangiata Nunata Sermia le Kofoed-Hansen le Glacier de Kjer le Marie Sophie le Midgard le Sermilik Qagssimiut le Mittivakkat le Nordenskiold le Nunatakavsaup l’Ostenfeld le Peary le Perdlerfiup le Daugaard-Jensen Sermia le Glacier Petermann le Russell le Glacier Ryder et celui de Salisbury le Bowdoin le Sermeq Avannarleq le Sermitsiaq le Sleipner le Copeland le Christian IV le Docker le Storstrømmen le Magasin le Tracy l’Upernavik Isstrøm l’Umiamako le Verhoeff Gletscher le Vibeke le Waltershausen le Wordie le Zachariæ Isstrøm le fjord d’Ilulissat le Store au Groenland et les glaciers Stubaier en Autriche l’Engabreen et l’Austfonna de Norvège le glacier Cook des Iles Kerguelen le Christensen et le Posadowsky de l’Île Bouvet le Solheim et le Vatnajökull d’Islande le Furtwängler du Kilimangaro le Périto Moreno d’Argentine l’Huaytapallana au Pérou ainsi que les géants Lambert (400 km de long- 100m de large et 2500m d’épaisseur) Beardmore (200km et 40km de largeur) et l’Axel Heiberg (48km de long) ainsi que Pine Island – Thwaites – Haynes – Smith – Pope en Antarctique mais également nos bons vieux glaciers de l’Aile-froide de la Momie et d’Arsine des Bossons et d’Argentière celui dit des Grands Couloirs sur la Grande Casse le Talèfre et la Mer de Glace et puis Shangri-la au-delà des horizons perdus et les prairies tempérées des îles Amsterdam et Saint-Paul les broussailles et prairies de Tristan des Îles da Cunha et Gough les Prairies à Tussacks de Canterbury et Otago la Mulga semi-aride de l’Est de l’Australie les forêts claires d’altitude d’Al Hajar et Al Gharbi d’Oman les savanes tempérées du Sud-Est de l’Australie les prairies de la vallée centrale californienne la forêt-parc de trembles et les prairies mixtes à herbes courtes et à herbes hautes du Nord du Canada les prairies mixtes centrales et méridionales la forêt transitionnelle centrale les prairies d’herbes hautes centrales la savane du plateau Edwards les prairies à herbes hautes des Flint Hills les prairies des vallées et des contreforts du Montana les mixtes des Sand Hills au Nebraska la prairie palousienne et celle du Blackland texan aux États-Unis l’Espinal le Monte argentin la Pampa humide et semi-aride d’Argentine les prairies et la steppe patagoniennes les steppes de l’Alai et de l’ouest du Tian Shan Kazakhstan en Ouzbékistan et au Tadjikistan la steppe et semi-désert de l’Altaï au Kazakhstan celles d’Anatolie centrale et orientale la boisée de Transbaïkalie en Chine Mongolie et Russie la steppe de la vallée de l’Emin en Chine et au Kazakhstan les prairies boréales des îles Féroé les forêts claires ouvertes des monts Hisor et Alaï en Kirghizie la terre du milieu la steppe boisée kazakhe et les Hauts plateaux du Kazakhstan la steppe du Moyen-Orient en Irak et Syrie la prairie mongole et mandchoue et celle dite pontique de Moldavie Roumanie, Russie et d’Ukraine la steppe intermontagneuse du Saïan et celle boisée de la Selenga et de l’Orkhon en Mongolie la steppe boisée de Sibérie méridionale la steppe aride des contreforts des monts Tian les prairies inondables sahariennes et zambéziennes les savanes inondables du delta intérieur du Niger et celles du lac Tchad la zone halophytique d’Afrique du Kenya et de Tanzanie la zone halophytique du Pan d’Etosha en Namibie l’Indopakistanais Rann (marais) de Kutch la zone halophytique zambézienne les Everglades de Floride l’immense et édénique Pantanal du Mato Grosso les prairies inondables du Guayaquilen Équateur la savane inondable du Paraná et la savane dite mésopotamienne du cône sud en Argentine les zones humides cubaines et celles de l’Enriquillo en République dominicaine et en Haïti les zones humides de l’Orénoque et celles du Mexique le bourbier de Grimpen le Marais salé alluvial du Tigre et de l’Euphrate les prairies de la rivière Nen les prés salés de la mer de Bohai et de la mer Jaune les prés boisés et pelouses du lac Khanka et de la Suifen de Chine et de Russie la steppe herbacée de l’Amour la savane inondable du delta du Nil les grandes Mangroves du Mozambique de la Mer Rouge de Guinée du Congo de Madagascar de Guyane de Floride et celle extraordinaire du Delta du Gange et du Brahmapoutre les broussailles et prairies de l’île de l’Ascension et celles de Sainte-Hélène le Bush d’Afrique du Sud les brousses et fourrés à Acacia et Commiphora somaliens les forêts claires à Acacia et Baikiaea du Kalahari du Zambèze de l’Angola et toutes les autres forêts claires à Baikiaea et à Mopane du continent Africain les Fourrés d’Itigi et de Sumbu les Miombos la Mosaïque de forêt-savane du plateau Mandara les prairies volcaniques du Serengeti les prairies zambéziennes occidentales la savane d’acacia sahélienne et celles dites soudaniennes occidentales et soudaniennes orientales les savanes Australiennes des hautes terres d’Einasleigh et celles tropicales de Brigalow de Carpentarie de la péninsule du cap York de la terre d’Arnhem de Victoria Plains et du Kimberley les prairies et savanes de Trans Fly en Indonésie Papouasie-Nouvelle-Guinée les Indomalaises savane et prairies du Terraï et des Douars les prairies côtières du golfe du Mexique les Broussailles et prairies de l’ile de Clipperton le Grand Chaco et les savanes d’altitude d’Amérique du Sud l’Uruguayenne et celles du Beni et de Guyane les Brousses tropicales et le Maquis d’Hawaï les forêts comoriennes les forêts côtières africaines de la Cross de la Sanaga et de Bioko les forêts d’altitude d’Afrique orientale du Kenya, du Soudan et de Tanzanie celles d’Éthiopie de Knysna et Amatole les forêts d’altitude guinéennes et celles du mont Cameroun de Bioko et du rift Albertin les forêts de Guinée orientale celles de l’Arc oriental et celles dites de transition de la Cross et du Niger les forêts des basses terres de Madagascar des basses terres du Nord-Est du Congo celles humides de São Tomé-et-Principe les forêts des hauts plateaux camerounais des Mascareignes des Îles Maurice et Réunion les forêts des plaines du Congo central et celles des Seychelles granitiques les équatoriales du littoral atlantique les marécageuses du Congo occidental et celles du delta du Niger les forêts sub-humides de Madagascar la Mosaïque forestière côtière du Cap du KwaZulu et du Maputaland la mosaïque forestière côtière nord et sud du Zanzibar-Inhambane la forêt de Mare Longue les steppes du Titteri et de Mongolie la toundra et la taïga les forêts tempérées humides d’Amérique du nord de la Californie de l’Alaska du Chili de l’Australie de la Nouvelle-Zélande d’Afrique du sud du Yunnan et Sichuan du Japon de Taïwan et de Corée et celles des Îles Britanniques de Bretagne de Norvège et de Galice des Açores de Madère et des Îles Canaries comme celles se trouvant au Sud-Est de la Mer Caspienne et à l’Est de la Mer Noire le fymbos d’Afrique du sud la brousse du sud-ouest Australien le chaparral Californien le matorral Chilien le maquis des Maures les forêts sèches de Madagascar de Nusa Tenggara des Îles de la Petite Sonde en Indonésie et celles de Nouvelle-Calédonie d’Indochine et de Chhota-Nagpur (Est de l’Inde) du Mexique et du Guatemala des vallées Andines et de Tumbésian de Chiquitano et d’Hawaï les vents Alizés la Bise le Grain blanc dit White Squall le froid Nordet et le chaud Norther le piquant Noroît le doux Suroît les Nord-Africains Harmattan le Ponant le déroutant Simoun le Sirocco le sec Levêche le brûlant vent de sable Khamsin qui souffle du désert d’Égypte vers le nord jusqu’au Liban le Levanter et le Vendavel soufflants respectivement d’Est en Ouest et d’Ouest en Est traversant le détroit de Gibraltar le chaud Chergui chargé de sable du Sahara et le Gharbi venu de l’ouest Atlantique chargé de pluie le catabatique Williwaw soufflant le long des côtes de l’Alaska à la Terre de Feu le glacial Barber le Chinook des Rocheuses el Diablo le Vent de Santa Ana le Squamish de Colombie-Britannique le Suête (sud-est) et le Wreckhouse qui soufflent le long de la côte sud-ouest de Terre-Neuve le Pampero des plaines du Río de la Plata les Suestadas le Zonda Andin le Badisad obistroz le Chammal (ou Shamal) du Golfe Persique la Mousson le Loo du désert du Thar le Foehn la Lombarde la Balaguère des Pyrénées l’Agueil ou aiguolas l’Albe du Roussillon Ardênne ou djosène des Vosges annonciateur d’orage l’Autan les Aquilons annonciateurs de tempête la Bise le Cers (ou Narbonnais) du Languedoc l’Eissaure le Farou Isèrois la Galerne la Grande bise le Hâle lorrain l’Hegoa du Pays basque le Levant de Provence et de Corse (levante) le Libeccio de toutes les saisons qui traverse l’Italie et la Corse le Marin Méditerranéen le Mistral le Mitgjorn le Solaire Vosgien le Toureillo Ariègeois la Tramontane en Languedoc et Roussillon la Traverse le Vent du Midi le Zéphyr l’Étésien de Grèce le Grec (Grégal ou Grégale) l’estival Meltemi en mer Égée le Bora le Breva de la région du lac de Côme le Garbin le Leste de Madère l’Austru les vents du Lac Léman le Joran le Morget et le Séchard le Vaudaire Suisse les îles Seychelles les Maldives l’île à midi la Grande Barrière de corail l’Archipel de Tuvalu les îles Tokelau Carteret Kiribati Nauru Kosrae les îles Marshall et Salomon et les grands courants maritimes tels que le courant de l’Angola et celui des Aiguilles le courant des Antilles et des Caraïbes le courant des Açores le courant de l’île de Baffin le courant de Benguela le courant du Brésil le courant des Canaries le courant du Cap Horn le courant Est islandais le courant des Malouines le courant de Floride le courant des Guyanes le courant de Guinée le géant Gulf Stream le courant d’Irminger le puissant courant du Labrador le courant de Lomonossov le courant du Groenland Oriental le courant Est Islandais le courant de l’Atlantique Nord la Dérive Nord-atlantique le courant du Nord Brésil le courant Nord-équatorial et son contre-courant le courant norvégien le courant du Portugal le Slope/Shelf Edge Current et le Slope Jet Current le courant de l’Atlantique Sud le courant Sud-équatorial le courant de Spitsbergen le contre-courant subtropical le courant Ouest-Groenland le courant d’Alaska le courant des Aléoutiennes le courant de Californie le courant de profondeur dit de Cromwell le courant Est-australien le courant de Humboldt dit courant du Pérou s’infléchissant dans le courant Sud-équatorial le courant du Kamtchatka le courant Mindanao le courant du Pacifique Nord et l’équatorial le froid Oyashio (ou Oya-Siwo) les eaux chaudes du Kuroshio (un autre géant appelé le courant noir) et son contre-courant les courants de Tsushima Tsugaru de Soya et de Liman le courant du Groenland oriental le courant norvégien les Gyres de Beaufort de Weddell et de la mer de Ross la Dérive transpolaire les courants équatoriaux de l’Océan Indien les courants des îles Laquedives et Maldives le courant de Madagascar le courant de Mozambique le contre-courant équatorial l’Indonesian Throughflow le courant de Leeuwin le courant de Somalie le contre-courant sud australien le courant Indien de Mousson le courant ouest-australien le courant circumpolaire antarctique le profond Tasman Outflow le courant froid des Falkland la Dérive d’Ouest (ou Grand courant d’Ouest) le courant de Benguela et celui dit des Amazones les courants méditerranéens l’oriental et l’occidental la dérive Pacifique et le courant froid de Californie le Nord-équatorial mais encore celui de la Jument et ceux du Raz Blanchard et de la Chaussée de Sein ne disparaissent

pour que les cycles de l’eau du Carbonne de l’oxygène de l’azote du soufre de l’hydrogène des métaux du phosphore et leur l’interaction ne soient pas rompues.

Amour. tes jambes fleuries de veines. Voilà la forme du vide.
Éclairs. Chant armé de signes.
Le rêve constitué de ses ruines ne suffit pas. La vie si.
Le regard coud nos corps-fruits à des fuseaux de sang. L’art et le rêve ne suffisent pas, la vie si. Mais l’art et le rêve ! leurs prières, leurs décharges de oui électriques.

Les images ne disent évidemment rien du réel, de ses ongles effilés. Et la pensée danse sur des souvenirs.
Seul le désir ce temps renversé
corps et visage déjà partis
dit sans cesse le temps de la rencontre.

Battre son propre désir. Le temps de la première rencontre.
Le battre sans cesse.
Atomiser le désir. Sans précaution. Les corps enfin voués.

Couchés dans leurs alvéoles souterraines des mots rhizomes défleurissent la gravure de nos visages restituent les courbes nodules nerveux articulations stases d’encre communicantes muscles de vide entrecroisés en d’infinis traits.

Une carte du vivant. Nous n’avons plus que ça.

Sous la constellation du Chien juste sous l’œuf du monde
C’est Elle la voix issue de la pierre qui tient le couteau.
DIX MILLE PAGES sur le mystère n’en sauraient rien relater
et tant pis si les réminiscences ne peuvent non plus y suffire.

Pas d’arrangement ni d’ornements possibles
où rien de toute façon ne coïncide.

Reste l’amour
de ce dont on est fait
la nostalgie du vide que les voyages dans le temps nos embrassements nos tentatives de passages pourtant sans cesse répétés rejoués ne comblent jamais tout à fait

le chant gitan
courant le long de ton dos
jusqu’à ta gorge mon amour

soleil et saphir sortis de ton sang
deux êtres de chair et de lumière

et la danse de jouir ensemble de nos riens
et tous les lieux de cette danse
au seul rêve d’odyssées main dans la main à se jouer du temps et des distances. Non l’esprit lui-même

(ce larron)
mais nos lits de joie et notre incomplétude
enfances le nez en l’air
à humer le ciel !

TOUT REVIENDRA À LA TERRE

Gilles Venier – Ed. Encres vives ISSN 1625-8630 ISBN 2-8550/ Dépôt légal Mars 2017

Régis Nivelle / Gilles Venier (anagramme de Régis Nivelle) sont deux pseudonymes pour un même auteur qui vit dans le sud-ouest

Image d’entête: vitrail de l’église Saint Vincent – Ville de Tarnos

Les arbres sont plus grands que le langage

Écrire dans les pages d’un petit livre que chaque matin ricane – grimace fluorée – un masque aux dents propres. Je ne brise pas pour autant le miroir qui me renvoie tous les signes de ma soumission. J’écoute la mer et le vent qui ne disent rien de ce visage ni de ma conscience.

J’entends, comme l’ami Jean-François Simon l’entendait depuis son cloître d’images, les bottes et les fusils, aboiements métalliques, et l’océan qui commence à manger la terre. Un instant, des instants, ce n’est pas grand-chose, et pourtant tout ça existe ; ce qui aimerait fleurir, agir et se perdre sans cesser d’en disperser le sens. Corps et langues s’y enlacent et s’émeuvent.  

Hoquets bruyants du néon, la lumière hésite un peu. Moi aussi, grotesque, imbu de littérature, et implorant les mots pour adresser, gémir un salut, un aveu, au lichen jaune des murets qui recouvre les pierres, ma prière, de sa peau.

J’existe et meurs tous les matins ou presque dans le ronronnement entêtant de la technologie qui dit le monde et la nécessité toujours inaccomplie de transposer l’idée de la vie en pur amour.

D’un instant de frayeur ma parole est née, je crois. Qu’en faire. M’y suis creusé un trou de sidération d’où ça fait beau temps que je tiens tête à la nuit, lui passant par la bouche mes sommeils compassés. Comme tout le monde, je fouille autour du manque et du corps, un trou de langue, de pluie, de paysages. Et des peuples entiers se cognent aux portes des églises, échouent et crèvent sur nos plages.

Il n’y a pas de parler faux – je crois –, de poésie vraie ou de roman mort, mais des bateaux en sortant du chenal qui meuglent l’incipit du voyage à la mer ; mais le dire des choses, des odeurs, de la peur, de la spoliation, de l’horreur et de l’amour. Les arbres sont plus grands que le langage.

Laissée en pâture aux oiseaux qui plongent dans ma respiration – dans son volume d’images , ma parole halète d’abord puis se tait. Et les camions écrasent, arrachent et lissent le bitume de l’embarcadère.

La rampe courbe au parapet blond dessine l’ourlet d’une paupière dont le khôl fond sous la chaleur. Ça sent le goudron et les fumées de diesel.                         Je suis un étranger.

Sans assener ni vers, ni rien d’autre, mais esquissant, il me semble, ce qui ressemble à un lieu, il faut nous risquer avec les corps invisibles du vent et de l’eau, pénétrer l’arcane, ses paysages – bouche, sexe, œil –, l’esprit à la table des mondes et des temps où dansent aussi, dans le cycle ouvert et permanent, vie et mort aux lèvres d’eau puissantes et bleues. Rester clandestin et attentif aux fleurs et aux saisons. Écrire.

Contemplateur dévoré sous la meute, le monde me rêve sans visage.

Toi, ma tête toute mal-tendue vers ce nous qui danse mais reste privé de l’acte inédit, tiens-moi debout dans ma tristesse de fou. Je connais que tu as une géométrie parfaite pour l’exercice. Voilà. Ça ne sert à rien de penser à la suite. Quelle suite.

Aujourd’hui, les dés ne veulent pas. Ils s’obstinent.

En marge du texte, le présent est un autre texte, un autre lieu. Ce n’est pas encore ton tour. Apprends d’abord. Je me répète.

Jette de l’eau sur tes frayeurs.

Écoute ta langue – phé │

énoncer parole et silence puis disparaître.

À l’instant sommes juste à l’heure de l’imitation, de l’arrogance, du mépris, de la violence, des fictions autoritaires. Émets à feu bas. Nulle communication non plus, et toujours en voyage.

Mais amour rituel aux cent visages, tous les matins ou presque. Ça, oui. Faire l’amour, en donner. Écrire, mentir encore. La lenteur de nos corps se réapproprie la chasse poursuite futuriste. Le débordement à venir : le réel.

Finalement, rien ne revient jamais. Tant mieux. En permanence, improviser, je crois, une autre vie. Écrire, parler lentement, et relecture systématique. Dans ma légende, suis plus léger que le souffle, celui à qui on aurait coupé la tête, et cette même tête aussi, inventée, que m’ouvre la danse silencieuse des mots qui ne sont pas tout à fait des mots et des trilles me rêvant, mais un rêve flottant entre les mots et les battements silencieux, entre l’œil et un ciel-mère, un océan, un regard de force, de terre et de pluie pesante rêvés par la sécrétion d’un grand pouvoir, dans le cliquetis d’une langue musicale, la voix d’une rencontre possible, une alliance.

Dans la langue tendue du cinglé, terre et langue en patience, sommes anonymes errants, allongés sur les dalles en pierre des mythes, sous les anneaux des temps, avec dans le cœur un soleil de faïence, et nos voix se meuvent, discrètes et pâles.

Extrait de Sans cesse de Gilles Venier. Tarmac éditions 2018

https://www.tarmaceditions.com/sans-cesse

Image d’entête: Corps et Âme. Acrylique sur bois. Travail personnel – février 2022

CIAP de bayonne – 3 FILMS et une pièce sonore DE aurélia NEBOUT

Dès son ouverture au public (ouverture normalement prévue pour le 1 Juillet 2020) , et lorsque seront levées toutes les restrictions sanitaires liées à la pandémie, les curieux, les amoureux de la ville de Bayonne, les friands de culture et d’histoire ne manqueront pas de se rendre au Centre d’Interprétation de l’Architecture et du Patrimoine (CIAP) de Bayonne : Lapurdum.

Parmi les multiples et riches découvertes mises à la disposition du public qui nous éclaireront sans doute sur les différentes évolutions technologiques, culturelles, commerciales et urbaines de cette magnifique porte maritime qu’est Bayonne à travers les mutations dont la capitale Labourdine sut faire preuve au cours de l’histoire jusqu’à nos jours, on pourra notamment visionner une série de 3 films inédits réalisés par la vidéaste, Aurélia Nebout, réalisatrice également  d’une pièce sonore de Germaine Auzémery-Clouteau intitulée « Au creux des pierres »  qui sera diffusée dans la « cave gothique » du CIAP en quadriphonie et en versions Française, Anglaise, Espagnole, Basque (Euskara) et Gasconne.  

Ces trois films ont pour vocation de nous donner l’occasion de porter un regard plus attentif qu’à l’accoutumé sur deux quartiers de la ville hors du centre historique, puis de voyager un peu dans le temps et l’espace géographique de la ville fluviale et portuaire.

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« ARCHITECTURE DU XXe SIECLE : LE QUARTIER DES ARENES » Proposé en versions Française, Anglaise, Espagnole, Basque (Euskara) et Gasconne. Durée 4’31 – Intervenants : Sophie Lefort, guide conférencière à la ville de Bayonne. Claude Laroche, Historien de l’architecture, chercheur à l’Inventaire général du patrimoine culturel, Région de Nouvelle-Aquitaine

On pourra donc s’informer, rêver et se balader dans le beau Quartier des Arènes en visionnant un film très instructif qui a pour objet les modèles architecturaux des bâtis résidentiels de ce quartier, leur homogénéité et leurs sources d’inspirations Basques et Gasconnes, ou même Art déco.

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« ARCHITECTURES DU XXe SIECLE : LES HAUTS-DE-SAINTE-CROIX ET L’ARCHITECTURE BREUER » Proposé en versions Française, Anglaise, Espagnole, Basque (Euskara) et Gasconne. Durée 4’39 – Intervenants : Arotça Renée, habitante du quartier. – Pablo Garcìa Astrain, Architecte.

Dans cet autre documentaire (un petit bijou de sensibilité), on assistera (presque) à la naissance du Quartier des Hauts-de-Sainte-Croix, dont la conception et la réalisation furent confiées en 1964 – sous l’impulsion du ministre de la Culture de l’époque, André Malraux – à l’architecte et designer Marcel Breuer auquel il faut associer Jean Barets, ingénieur en chef à la Compagnie Française d’Engineering Barets (COFEBA) pour le concept structurel de l’ensemble. Le témoignage d’une résidente, qui compta avec sa famille parmi les premiers locataires de la ZUP (zone à urbaniser par priorité), est formidable.

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« BALADE AU FIL DE L’EAU, LE PORT D’HIER À AUJOURD’HUI » Durée : 09’52 Récitant : Frédéric Kneip

À ne pas manquer non plus, ce film de 10 minutes au cours duquel l’œil de la vidéaste glisse le long des quais de la Nive et de l’Adour en évoquant subtilement leurs fonctions d’autrefois et les constantes transformations de ces infrastructures au cours du temps. La ville s’anime, chante et travaille. On entend les bruits des chantiers de construction navale. Ça sent le brai et la marée. Des figures illustres, corsaires-baleiniers, ingénieurs, érudits, soldats ou poètes, sont à juste titre cités et associés à la séculaire renommée de Bayonne. Les images de la ville et de ses « ports » intérieurs, d’hier et d’aujourd’hui, se  succèdent, se chevauchent, se juxtaposent, se mettent en rapport, et parfois résument en un éclair la concordance entre l’aventure passée et contemporaine, et ce, dans une lente descente de la caméra le long du fleuve vers son embouchure, jusqu’au port maritime actuel.

On appréciera, je pense, ces 3 films d’Aurélia Nebout.

Dans la démarche de l’artiste – sa méthode -, de belles promesses semblent poindre, comme par exemple, je crois, cette imperceptible intention de l’artiste nous invitant à regarder avec attention ce qui est montré, je veux dire ce que sa pratique de vidéaste fait naître en nous comme images pouvant éclairer à leur tour la narration.

Ainsi, attentifs à l’interaction de nos images (qui portent elles aussi le regard d’une mémoire) avec celles du film, Aurélia Nebout nous murmure que nous pouvons faire entrer en résonnance avec notre conscience ce qui dans « l’en-de-ça » du visible reste ordinairement opacifié par le voile du récit ; que le « dire » alors peut s’effacer pour laisser place au seul regard, et que seul, finalement, le regard est l’œuvre.

Gilles VENIER

« ARCHITECTURES DU XXe SIECLE : LES HAUTS-DE-SAINTE-CROIX ET L’ARCHITECTURE BREUER » Réalisation / Image / Montage : Aurélia Nebout. Etalonnage : Mélody Gottardi. Mixage : Matthieu Cathelineau.Image drone : Aurélia Nebout

« BALADE AU FIL DE L’EAU, LE PORT D’HIER À AUJOURD’HUI » Réalisation / Image / Montage : Aurélia Nebout. Etalonnage : Mélody Gottardi. Son / Mixage : Matthieu Cathelineau.Comédien voix off : Frédéric Kneip.Image drone : Clémence GomezLes films d’en haut.Infographie : Geoffroy Groult

« ARCHITECTURE DU XXe SIECLE : LE QUARTIER DES ARENES » Réalisation / Image / Montage : Aurélia Nebout. Etalonnage : Mélody Gottardi. Mixage : Matthieu Cathelineau.Image drone : Clémence GomezLes films d’en haut

« AU CREUX DES PIERRES » Pièce sonore de Germaine Auzémery-Clouteau, Direction de la culture et du patrimoine/Ville de Bayonne. Réalisation : Aurélia Nebout. Sound design et Mixage : Matthieu cathelineau

Versions Française, Anglaise, Espagnole : Camille Panonacle

Version Gasconne : Coralie Nazabal

Version Basque : Amaia Hennebutte

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CIAP – 2, Rue des Gouverneurs – 64100 Bayonne.

Site de la vidéaste – https://www.pana-m.com/accueil

Qui parle encore du drap raide et froid qui claque entre les strophes ?

Qui parle encore du drap raide et froid qui claque entre les strophes ?

Je ne suis qu’une tête-fenêtre, une veste de postier, une tête-cœur obturée. Je n’ai aucun métier, et habite depuis toujours la même piaule à l’architecture parfumée des corps, dans un petit théâtre immobile qui avance vers la mer.

Regarde, c’est toi et c’est moi aussi, sur le trottoir de l’hôpital. J’ai froid et sue à grosses gouttes. Ma figure est prise sous un masque d’insecte. Quelque chose te dit qu’il fait beau, et j’ai froid. Personne ne me reconnait.

La turbine d’un hélicoptère en approche hurle sur ton rêve. L’urgence, c’est le réel, là, juste derrière. Arrête-toi.

Dans la maison de ma mère, je vois des paysages de lessives aux proportions fantastiques, et dans la maison de mon père, j’ouvre au feu les portes. Énergiquement des mondes y sont lavés, et des mythes bouillent dans la lessiveuse rouge en acier galvanisé, tandis que des bouches énoncent des noms de villes et des noms de famille dans une langue de Savon de Marseille et une haleine de Gitanes.

De toi, je veux savoir quoi faire. Ton autel se bâtit. Mais tu ne comprends plus ce qui est dit. Les mots que tu reçois sont des flèches molles. Je me tais et vole. Je suis toi, mon père, et toi aussi ma mère des jeudis et des midis, des étés de voyages en Simca.

Nous sommes des lève-tôt silencieux, échafaudeurs de combines pour faire passer la pilule des jours amers. Des laborieux sédentaires vouant à nos deux astres la bonne odeur du pain. Dandinant, le regard égaré sous nos joies de pauvres, attendons le dernier grand coup de tristesse qui nous sera porté et nous fera jouir, grand tintamarre entre cerveau et pubis.

Mal ajusté à mon corps, je flotte un peu. Flotte mon ciel de roches et de montagnes, de vagues de terre de bruyère et de pins.

Des sacs d’angoisse peuvent bien s’empiler sur mes vertèbres. Sous la charge, l’emboîtement de verre crisse, mais l’orgueil qui est aussi pierre à levier t’a appris à tenir. Qu’ils s’y amassent donc comme ils le peuvent. Midi m’est toujours léger et me danse encor des immeubles blancs avenue des Ternes, kiosques de moineaux boulevard Barbès, affiches colorées qui clament l’humanité, les jupes et jeans, jambes d’une pure merveille te délivrant un billet pour un vol spirituel au parfum de Chesterfield. Volent au mètre par seconde les routes nationales bordant la lente marche des pluies, la lumière jaune que les grands arbres accrochent pour peindre nos visages !

Extrait de Sans cesse – Editions TARMAC 2018

image d’entête – Travail personnel

https://www.tarmaceditions.com/sans-cesse

Et le livre de la mémoire n’existe pas

Nous ne nous sommes rien dit ou presque de nos prières. N’avons rien dit de nos circulations, de nos absences, au miracle du toucher Corps et Âme. Rien dit sur la présence des dieux de printemps qui habitent dans les pins craquant sous la chaleur. N’avons rien entendu non plus de nos langues que leur jubilation d’hélice sur nos seins et nos cuisses.

Il faudrait pourtant dire la trace des doigts sur les verres et sur les vitres, les manifestations du Ciel, le songe musical des villes,                                                 la beauté du ventre des femmes,                                                             entendre les basses, la pulsation amoureuse des basses.

Nous sommes des paroliers impatients. L’oracle c’est le réel.             Juste à côté de l’image et du dit, la pythie désordonne sa coiffure.                Et lorsque nous traversons l’étrange, rien ne nous semble l’être. On y croise nos corps et nos textes désirant en abyme – frères et sœurs, humanité déjà ancienne, mais ce sont toujours des visages anonymes porteurs des mêmes implorations, des mêmes paysages. Nous sommes du temps ses lenteurs infinies.

Jusqu’au dernier regard            

prose de la Rose l’Âme.

Envisage la mémoire en unités-lumière.

  Recours à l’Encre et à la Pluie à grands seaux de silence. Soutiens l’heure éternelle glissée sous chaque ville, dans chaque corps et chaque esprit où reposent des lunes de lavis, des constellations de familiers lointains.

Voue compagnon de joie et de lenteur Air Eau Soleil notre solitude l’élévation de sa parole au Vent – au souffle de la Terre à la Fleur incendiaire la vie hors du temps ce round que l’être sans cesse inaugure dans l’ouragan, l’effroi, le secret.

Invente continuellement tes traces, on les effacera de même.

Masque avec discipline ton immobilité la puissance de tes épaules, la fragilité de tes fictions. Beaucoup ignorent ce qu’au pied de la lettre voir et agir, partager le livre, veulent dire.

Sans rien n’omettre de l’Eau et des Ciels, debout, pieu fiché dans le sable, laisse les choses légères et graves te jouer des tours et conjurer le récit. La joie revient.

Il faut apprendre – je crois – à écrire peu sur la forme de sa perte. Dessiner le chant n’est pas en être le sel, et dire ce qui se voit ne délivre aucune preuve. Il faut tenir son vide pour dit autant que le respir nous en permet la profération. Choisir la tendresse, le fil coupant de ses pétales. Agir muettement, écouter ce qui se lève des autres cadences.            

Emprunter l’escalier des saisons dont les jours sont des siècles. Boire et reboire l’Eau à nos lèvres de salades. Suivre du regard le tube du vent suspendu au soleil.

Et puisque tout est parfait – Air trois fois inspiré – l’image seule de l’enfance à la fin reviendra, la mémoire du présent épousant gestes et pensées, et tous nos baisers de mucine nos routes nos dires nos jeux, tant nous avons dansé bougé et remué l’air passionnément, furieusement, de nos cœurs et de nos mains, courageux va-nu-pieds, passeurs obstinément cois sur nos Ciels de misère, le désordre de nos ravissements, le murmure de nos chants.

*

J’ai depuis longtemps jeté mes bourreaux aux orties, aimé nombre de visages.  – prose des visages du Soleil aux couronnes d’épines de leurs résurrections. Océans oiseaux rapides Arbres.                                                            Et partout sous les arbres, sous l’Herbe aux cheveux de Rosée où ombres et lumières s’entrecroisent, comme dans la géométrie familière que composent ces chaises ces échelles et ces lits qui clôturent notre esprit,                                 le tient est là, et encore à venir. 

*

Des voix réclament jour après jour qu’on inhume les phrases. Alors je prends à pleines mains des bouquets d’herbe et de gravier. prose des pays de paille, des chemins et des abeilles, des pistes, des paysages de pluie, des laisses de mer, du voyage. – prose des oiseaux jardiniers – prose des temps obliques,            d’une mosaïque de Ciels, car nous avons été patiemment attendus par des mendiants qui ont fait don de leur parole.

Je me rappelle maintenant avoir décroché le mot orgueil de mes cervicales.

C’est que judicieusement placé sous un autre mot, il servit alors de point d’appui idéal au poème-levier. – Prose de l’entente de l’improbable équilibre,           des mots-fougères,            de mon chant de mendiant.

– « Mais de quoi alors pourrions-nous bien parler                                        et qui êtes-vous d’ailleurs ? »

–  De rien de l’intériorité du voyage du pas                                                                      du tout                                                                                               du non-advenu    de l’indéterminé                                                de nos jours enthousiasmants                     enclos de joies tristes,                                         de la fiche électrique de la radio débranchée que je perçois, telle une main gantée, l’extrémité suggestive d’un vide.

–  Prose des reflets du chant ( l’intercesseur) – de la bienveillance de l’éros, de choses légères et graves, des unités de pensées, des interstices de lieux sans lieux, de l’oyat des dunes, de la pyramide des patelles.                           Mendiant – dément peut-être-, mais pas artiste                                 et d’ailleurs oui, sûrement laborieux, non confessionnel         individu indivisible mais invisible,          clandestin.       

Aux hiatus d’offrir des retours, un infini de phrases ruines, de résonances, d’émeutes acouphènes, par épiphanies de silence et changements de perspective, pourvu que le chant aigu, l’aiguille de son qui traverse nos têtes, puisse lier ce qui est à brûler aux vieilles cendres et aux fleurs, et que, pénétrés par la permanence de son timbre nous restions sans vérité, marchant comme tout le monde au-dessus des morts, dans l’aura du jour et son cerne noir en compagnie des bêtes, puisque nous sommes fait de chair et de Ciel qui tiennent ce sifflement lavé par l’eau des rivières pour un chant sacré, un vieux rêve rivé à nos vieilles mémoires.           

Jusqu’aux derniers signes,          nombres.

J’y serai.         

C’est par leur bouche leur miroitement seulement par leur bouche que tient le monde.    Tête obscure       

vouée au chant.

         Entêtement des corps-livres

des renaissances.

*

Et le livre de la mémoire n’existe pas. – Prose du chant de son tremblement de l’éclat descendu dans les Arbres puis glissé dans les pierres –  prose du plexus solaire du regard rhapsode de la convulsion des jours jusqu’à ce que dans l’œil toutes les ères se confondent et que la prière soit une marée d’équinoxe une marée aux tambours de soude brûlée au souffle bramé et piqué de serpolet de fagots de bois flottés emmaillotés de sable et de goudron de cils de gourbet –  prose de toi mon père paysan-soldat de tes gifles lourdes pelles de terre à patates que ça te plaise ou pas puisque je t’aime –  prose de l’enfant bercé par la sorgue à l’œil ouvert où palpite le cœur sans sommeil –  prose de la peur de ta voix entaillée par la lune dans le mortier des nuits de sable de dents cariées et d’oreillons comme paire de tenailles aux mâchoires de fièvre –  prose de ma langue de mon vieil Espéranto en sifflements d’autocuiseur en vagues de Ciels roses et de jambes de soleil ricochés sur les moellons ocres et gris des fermes de la Dordogne et des Charentes –  prose de quartz de silex et de pyrite d’ombres et de couteaux de ton patois aux accents Roumain –  prose de ta femme engrossée six fois par tes excès de fatigue –  prose du silence mais aussi d’omelettes aux cèpes de truite meunière –  prose de lard de piment de persil de tomates farcies et de canards rôtis –  prose des tablées familiales belliqueuses dès que le vin de Bordeaux succédait au Sancerre –  romance gitane où l’amour se chante mais ne se dit pas –  prose improbable de glaise bêchée de luzerne et de trèfle violet fauchés avec le soleil et la Rosée des pare-brise –  prose des dernières proses au paroxysme de notre mémoire anténumérique de poulaillers et de lapinières de fossés de brûlis de granges de remises où les ailes des faux les squelettes rouillés des faucheuses dorment le pays des vents des pailles et des poussières d’été restées collées à la graisse des essieux –  prose du faire et des prières de midi en liturgies de jambes et de bras fermes aux vidanges des citernes –  prose des pluies aigres et froides de gels qui ceignent cruellement les reins et les poignets – prose des corps aimés de vos courbes et vos plis d’où surgissent les effluves de pays sauvages et calmes –  prose de nos voyages d’amour aux lenteurs incroyables –  prose jusqu’au bout sur nos dépouilles amoureuses et les ambres qui ornèrent nos lits des variations spatiales du chant de l’enveloppement infini de la mélopée des corps et des corps dans l’entremêlement ordonné des transformations –  prose obscure de la totalité par bribes de sources et de rivières –  prose de la maladie des tourbes d’affects des sables mouvants –  prose des fontaines et des eaux souterraines de la langue morte lorsqu’elle est peau morte d’une danse des signes –  prose des âmes simples aux songes amoureux des réminiscences affleurées par le vent glissé dans les arbres puis dans les pierres et dans les cendres –  prose de l’eau des corps et sa mémoire que l’âme dans ses plis retient –  prose du commencement de la Rose du Nous du jaillissement d’une époque à venir. Seuls les accords de musique et la danse animent encore les tentatives d’effacement. Ce qui nous manque est magnifique.

Je suis nomade d’ici, où mon île apparaît parfois au cœur des pierres veinées de silice sous la constellation du crabe dont l’ami Mano me promit un jour de viscères noirs de surveiller ses étoiles.

      Prose des sud et de l’orient du sein aubergine au lait des sources et seuils nets de joies désertes en purs déserts dormant leur gerçure de silice                     des septentrions aussi –  Prose immobile du Texte du dire muet des choses de la dysharmonie élégante des chants poussés par ceux qui vivent encore avec les paysages et s’entretiennent avec les visages de leurs Ciels.

*

En moi mon amour nombre de tes visages –  prose de leurs baisers et l’argent mousseux de leurs rives          tes lèvres. –        Prose des consolations des phonèmes des inflexions tonales des langages-couleurs du timbre de nos rires et de nos peines qui ne feront pas un livre mais un poème serpent.

Sylvie, tiens-moi la main et partons. J’habite dehors avec toi parmi les choses et les vieux signes

dans la bouche du songe du jour et de la nuit.

Extrait de Sans cesse – Editions TARMAC 2018

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rouille des liens de terre et d’herbe

Je n’ai pas peur. Personne n’inventera un autre langage. Écrire, même mal, vaut toujours mieux que parler.

Un dernier visage – celui du dernier au revoir, du dernier coup de vis – tel un masque aux yeux de pyrite, n’oblige pas à dire. C’est un visage enchâssé dans l’or où siègent passé et avenir ; une très vaste musique. Nombreux sont les lieux, les objets, capables de léguer leur prière qui éclairent ce visage. Nous parlons avec le Ciel, avec la lumière et la nuit ; les nôtres, infiniment. Pour autant, je ne sais pas ce que je suis, ni à qui appartient véritablement cette tête. Mais elle sait fixer le soleil à la langue noire pour en faire de la nuit.

J’entends l’eau et le vent. Sur leurs lèvres siège la mémoire du temps.

J’avance, oscille dans l’idée d’un simple scintillement sur le vide. Un jour viendra où je sentirai le vide aspirer les cendres de ce crâne. Et pendant un moment tout flottera, filera dans un souffle. C’est ainsi que peut-être ma première vraie face dans sa pâleur apparaîtra.

J’écris mal que c’est une prière, le regard que l’on se porte. Tout comme nos inscriptions, et l’élan du cœur ; que ce sont des prières.

J’écris mal la vérité des belles apparences. Le vide par le pertuis des images laisse s’évanouir des mots leur respir et leurs résurrections. Alors comment dire avec les mots ?

Écrivez-moi avant que je n’entende plus que les seules voix murmurées par l’eau l’air les forêts et l’art des grands photographes.

Érudite, durite, vidure, la pensée. Mais je ne sais pas ce que cela veut dire. Éiséop petite musique votive et personnelle : à d’autres !

Je n’apporte aucune réponse. Mais je crois aux légendes des regards, à la puissance de l’intention. Je ne suis hélas qu’un puissant corps de mots — des milliers de fois chantés, et il est vrai, à mon adresse uniquement.

À chaque marche franchie le corps est sans autre vérité que le mouvement et les ondes qui le traversent.

Tâcher d’être. Divulguer les grands rushs de lumière, les rayonnements qui passent par les chairs aux bouches de fleurs. Ça bouge. Non rien. Y a l’temps. Non plus l’temps. C’est quoi le temps d’ailleurs : énoncer. Alors ne t’obéis pas. Encorne ici lentement au hasard. Pénètre et accueille tous les sens indispensables au chant. Danse maintenant avec justesse | pluie | goûte sa musique | Océan. Danse silencieuse de l’inscription. Inaugure son éphéméride d’un jour. Toujours le même jour et sans dieu.

Je possède plusieurs visages: quartz, soleil et lune. Aucun n’est vraisemblable et tous ont une réalité. Et tous me manquent. Hommes, est-ce que le monde s’imagine, et la parole et la phrase que relatent-elles des mots et des peuples ? Entendre. Épier. Écrire. Prier. S’y construire une cahute. Aérienne. C’est l’esprit qui l’emportera. Le dedans sur le dehors. L’ironie du vide sur la terreur.

Réclusion ordinaire. Je ne me veux pas. Très bien. Et après. Invisibilité du singulier. D’une ère l’autre. Félicité. De la sortie des eaux à la pensée algorithmique. Existence | joie de pluie | de la houle des dunes. Joie de ton baiser velours et tous tes baisers. Joie anonyme, sourde, épaisse, à rosée de ce qui tambourine et s’ébroue du ciel à rosée de feu | joie boue | joie aux fenêtres brisées de ciels | joie de la peau pétrissant la glaise | joie à boire chaque image dans les livres décousus de fatigue, à tendre l’oreille au silence, à la pavane des corps faisant voler des mondes | joie blanchissant parfaitement la pierre | joie à toucher le fer des ponts à gros rivets, ces cargos d’azurs et de vent | joie rouille des liens de terre et d’herbe.

Extrait de « Sans cesse » Editions TARMAC 2018

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Debussyste. Zapatiste. Spatial. Sollertien.

Je reprends : je suis un gadjo. Un pousse-mégot. Fada. Un lazzarone. Idéal imprévisible. Oculus rift bientôt sur le nez. Une langue insupportable. Cynips. Scintillateur aléatoire. L’informulé. Anamorphose. Hic. Têtu. Noir. Abîmé. uber vtc. Psychopompe. Optimiste. Au piano-lit. Domestique. Méprisé. Scaphandrier. Homme de ménage. Enthousiaste. Vidéaste. Refoulé. Ambitieux. Alarmiste. Démesuré. Hystérique. Commencement. Ardent fessé. Chant du seuil. Rêveur sensationniste. Ut. Interprète de l’échec et des possibles. Seul et pluriel. Clos. Évasé. Femme à corps d’oiseau. Une rose. Criminel passif. Enchanteur. Ouvrier en bleu de chauffe. Lithophage forant l’agrégat. Indéterminé. Écrivant quel sommeil. Le dehors d’en dedans. Corps étonnamment organique. Énoncé éruptif corporel. Émulsifiant. Colorant. Graisse tremblante. Sexe idiot. Correspondant. Colporteur. Manutentionnaire. Voix radiophonique. Chthonien. Aérien. Différant. Pacemaker. Mes cœurs. Des cœurs. Arias de lumière. L’oubli. Boue. Un programme. Enfant invraisemblable. Lâche. Une copla mal taillée. L’époux gelé. Au désert. En plein désert. Exaltation. Délire chaud et froid. Ce que force veut dire. Flux performatif. Textuel. Nu. Tensions cervico-brachiales. Le plein. La marge. Orphelin. Imaginiste. Flexible. Manque. Fatigué des meutes. Bandé. Attentif. Érectile. Hum. Menteur. Hors manifeste. Buissonnier. Bienveillant. Cru. Peau-plaie. Suicidé. Empressé. Maladroit. Étranger. Parole. Une Fiction.  Caresse. Oisif. Entrecroisé. Hésitant. Errant. Confession. Antidémocratique. Confidentiel. Corps-texte. Tressage. Danse impondérable du désir à l’adieu. Sans devenir. Virgule. Articulation coupante. Sabre. Sans but. Gueux probablement définitif. Prosateur. Inutile. Tyran. Listé. Fainéant. Héroïque. Désespéré. Amoureux. Obscur voyant. Opacité sainte. À la poupe. Au cul et au ciel voué. Accidenté du travail. Marcheur invétéré. Ricanant. Refuznik. Insoumis aux nouveaux millimaîtres et aux tutus de la vieille et de la nouvelle langue. Objecteur de croissance. Sorcier(ère). Solitaire. Été. Don. Névrosé. Feuillu. Herbu. Vicieux. Aborigène. Mythomane. Suspect. ada.text_io.put_line. Occitan. Macabre. Excité. Adepte. Malestruc. Maladroit fan de truc malec. Charnel. Juif. Arabe. Apatride. Debussyste. Zapatiste. Spatial. Sollertien. Flaubertien. Archaïque. Affectionné symboliste. Métaphysicien. Deleuzien. Ombre. Banquier – pour qui n’a pas lu Pessoa. Durée. Simpliste. Acédique. Vagabond. Etarra. Mallarméen halluciné. Illuminé. Zen. Intercesseur. Immobile opiniâtre joueur de dés. Improductif immoral. Chieur. Incarnadin à la face de vit. Splendeur d’une face de nourrice. Religieux zonard. Inutile suture. Plaie rouverte. Idiome ahurissant. Chorée loquace. Heurté. Paradis renversé. Infecté de survie. Le rêve de s’ouvrir en rivière. Amibe. Jeté. Colleté. Aïon que personne ne saisit. Désirant. Anonyme et véloce. Gonflé de tableaux. Lisier. Mamelle. Barque de glaïeuls. Calfaté de mystère. Alcoolique. Disputeur. Mystique. Le nez fourré dans ses chapelets d’œufs. Sensitif. Iconoclaste. Obscur. Image. Larve à qui l’on ne donne plus beaucoup crédit. Teigne récurrente sous son duvet. Jaloux. De mèche avec l’amant. Dans l’odeur apaisante de la guerre des sexes et des classes. Faillible montreur. Clair ulcère. Délégué syndical. Verrue qui grésille sous l’azote liquide. Vocable social. Emmuré dans l’orgueil des plus humbles. Armé et sourd. Ex-voto. Léger et grave. Trachée des suppositions. Chevelure des mauvais jours. Aubaine. Physique idéale du son. Anche. Augure assis parmi ses chats. Sans chef. Sans tête. Inaudible. Brume. Lesbien. Empreinte. L’idée d’une fin aussi. Des images encore. L’incertitude. Une noire tégénaire. L’élégance d’un baiser. Gelée opaque. Régurgité des croupes d’où s’écoulent les prières. Une question. Des questions. Inoxydable raison. Pur fictif. Neuf. Journal mental. Urticaire. Brêlé de nervures chaudes et tendues. Aporie. Sans mémoire. À rebours. Approximatif. Hasardeux. Hypothèse du rêve. Inconcevable. Fraternel. Hérétique boiteux et tout le saint-frusquin disputant aux rites fictionnels le corps des choses et le voyage. Lyse onctueuse échevelée chromatique. 

Extrait de « Sans cesse » Editions TARMAC 2018

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Jean-Luc Godard et Jean-Daniel Pollet

– Envoûté par des bribes d’opéra, par le bruit des rames entamant l’eau, par des éclats de voix, fracturations chuintements pointillistes, vitesse des points de couleur d’images en gros plan, par le vol, l’envol des draps et des fenêtres ; par les mots tels des poignées de cheveux dans la bouche

captivé par les films de Jean-Luc Godard et Jean-Daniel Pollet, par les marges, les miroirs, l’enchevêtrement de larves, christs et petits cailloux, les ogives d’aisselles 

hanté par l’abjecte, l’insoutenable image télévisée de l’assassinat commis en pleine rue de Saigon par le général Nguyen Ngoc Loan exécutant d’une balle dans la tête l’homme à la chemise à carreaux ; par les 30 millions d’esclaves qui survivent en ce monde, les horreurs du génocide rwandais, Sarajevo, la boue de Calais, les saloperies ordinaires commis par les États : par Auschwitz, les enfants et les peuples martyrisés ; par nos compromissions, par l’assassinat du Père Jacques Hamel ; par la production, le travail esclavage, l’exclusion, la stérilisation des esprits, les reculades, les rapts, les sarcasmes, les fuites, les hontes

rêvé par l’odeur des nuques, par l’île des morts, le noyer de Sarzeau, la tourbe et le ciel reflétés dans les flaques de neige fondue, par la mélancolie, le gois de l’île de Berder, par les bébés au parfum gras de la matrice

fasciné par la mémoire des pierres, la foudre, la connaissance ; par la viande zébrée de magie, les vortex de clarté, la lumière, les béances cadavériques du plaisir et la soie du désir, l’illisible tracé, la peinture romanesque, la poésie et sa musique aux corps invisibles mais inévitables

transporté par le goût des prunelles, par l’adagio en ré mineur BWV 974 de Jean Sébastien Bach, les errances, la mystique, la Méditerranée, la ronde des fées dans les sorbiers aux oiseaux et les saules, la jouissance, l’amour, le vide, les ponts et la lune ; par les trouvailles, la belle morve des oisifs, par la mémoire de l’eau, l’éclair des truites aperçu sous la loupe verte des eaux ; par les framées du givre, par les petits voyages entrepris avec Sylvie, par le son des cloches des troupeaux du Puys de Manse, le vent du gouffre, les fossés, le gypse, l’herbe rase des bellons, la noirceur des chemins, la belle démesure d’accolements cristallins et sylvestres de la vallée du Champsaur ; par la forge du père Garnier, l’acier luisant, l’odeur de sang cuit qu’ont les atomes d’acier expulsés de la masse chauffée à blanc puis réduite au pilon dans des gerbes orangées et bleues noires ; par les églises végétales, la mélopée, le voilé, la transparence des rochers, le feu et ses fruits racornis à manger loin du lait ; par la grâce, le mouvement, la tendresse, la lenteur consolante, la buée, les genets vaporeux, l’océan ; par les confitures et les cerises d’Ixtasou, les jupes relevées du rêve qui danse ; par les rares amitiés, l’exaltation, le toucher, la mémoire, les horizons

ému par les barques, les vaporettos, le sel, la beauté des cimes. par ce qu’un regard peut demander à une bouche, et le ciel à la terre ; par le pain, la terre, les textes et les arbres, par le basilic, les contre-indications à vivre, le spasme du hoquet à l’énoncé perdu. par l’inachevé, les cataplasmes à la moutarde, les cuites sévères, l’œil et ses flèches, les tarots, l’hélice du soleil, l’oiseau, les brèches, les joies, les astres, les masques et les statues de midi ; par les trous d’ombres bleues dans la glace, les landes emmaillotées par les toiles d’araignée, la pluie fine, les digitales, les tourteaux d’Hossegor et les huîtres du Cap-Ferret ; par le rayonnement platine des daurades et les fossiles téléostéens vus à Hendaye, la fricassée de gambas flambées à l’armagnac, les chats, les tripes à la basquaise de dix heures

touché par les gares, les objets, les spirales, les rhizomes, les lauriers, par les beautés du lot et du Célé, la Provence, le paganisme, l’International Klein Blue, les photos, les aubes, les anfractuosités du poème, les sources et les rivières, leurs limons ; par les écharpes d’odeurs, par ce qui règle les étoiles avec tant de justesse, l’œil érodant comme un fou ses limites ;

étonné par les cils des vorticelles, la stupéfiante métamorphose du cul en écubier, l’écorce et les écorchés

troublé par les sex-shops, l’écrit, l’écrin, l’écrou, l’épreuve, les colonnes ; par l’œuf, l’embryon céleste, les coqs, l’or fondu du silence versé tempus mortis dans les voies digestives, et par les monolithes en H de Pumapunku

impressionné par les concaténations archaïques des tons chez Bacon ou chez Lucian Freud, le verre et sa source de sable, par les nébuleuses, l’hymne hydrogénique du cosmos, la farine des cendres 

bercé par la prose ronflante du moteur de la Simca qui naviguera encore longtemps parmi les parfums de la route menant de Gap à Briançon ; par le froissement sec des chardons bleus, par les planeurs glissant dans le ciel de Mont-Dauphin ; par le chant infini qu’on redécouvre sur les falaises au pied des pins parasol, des arols ou dans la rouille des saisons que le fer concentre, et – contemplant encore aujourd’hui d’en haut du souvenir le tracé du col que des voitures en montant soulignaient sagement, – j’écris.

Et voici qu’à mon esprit s’impose soudain le rêve que je crois incarner, une inquiétude douce mêlée de paix de n’être que ça au fond, double délirant le monde, expérimentant ce délire, et peut-être rien d’autre. Qui sait.

Ne confirmez svp. Je doit suivre sa chance, eut-elle été rêvée. Énoncé offert. Aucun but. Révolution et charme des signes. Chantez vous-même cette indécidabilité inconnue, sans l’amplification courante.

Extrait de »Sans cesse » Editions TARMAC 2018

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Ne rien craindre des railleries, des mépris

Âge de la lune : 6 jours 16 heures 16 minutes. Je ne le dis pour personne ce lieu sans bords et sans hasard, au hasard de ce qui s’y manifeste et nous méduse. Ça en fait chier bon nombre, la beauté, l’éblouissement.

Air feu océan matrice, l’immense femme-tresse-spirale révolutionne gire dévoue demeure voue existe virgule articule n’explique et n’identifie coupe sabre éclot sans but déterminé.          Du monde, je n’y ai jamais vu qu’une lisière à vrai dire peu fréquentée où les atomes bondissent dans la vibration d’une poix ondulante ; un Univers Aspic.                                                                The never ending trip… Ainsi/ œil soleil oiseau /ne tourne pas les pages – jamais –, mais frappe les atomes, ramenant au temple d’insécables permanences. Soudaines, sidérées, réverbérant un swing de lumière lente et bleue, mille faces en surgissent.

« le sud ? … c’est par-là » maugréa-t-il sans lever les yeux, en indiquant de la main la porte donnant sur le couloir. Et il rajouta : « vous y ferez quoi dans le sud ?  »
– « je n’sais pas… est-ce si important ? » et l’ombre disparut, la chance→ suerte sur le terrain de l’homme, une corne en plein cœur.

Car il n’y a pas un point obscur, mais des entres, des songes extraordinaires où d’évidence rien ne s’endort : c’est Ga’nza, une explosion vertigineuse de lignes et d’images par milliers ; une transe sacrificielle, une danse de courage. À cet endroit de pure réalité, Ainsi n’est plus un fatum. C’est un maelström de chants, de danses et de musique.   Et la main qui porte la lame sur le prépuce porte un mystère et une souffrance. Derrière les cirrhes du grand tapage Ainsi admet tout. – « dis, quand reverrons-nous dans la mort, l’enchantement des fins dépassées ? » 

L’eau de la mer des Tchouktches, des Sargasses et des Antilles, de la Méditerranée, de la mer d’Arabie et de la Caspienne, de la Mer Noire, de l’Adriatique, du Nord et celle de Chine bientôt montera. Vers le chant et ses lignes, fascinante mélopée, tous les points et les courbes d’un pur désert. L’ivre est là, cadenassé – inachevé, dans sa chair et ses voix radiophoniques –, admettant la nuit.

L’eau de la Mer Baltique et celle du Japon, de la mer d’Okhotsk, de Béring, de Kara et celle de Barents ; l’eau de la mer des Laptev, du Groenland et de Norvège bientôt montera. Le corps est pris par les sens, le cœur lui tenant lieu d’entrailles essentielles. La fin est commencée, bifurcation. Et c’est par là que ça commence. Ça exhale et veut parler, précipiter la fuite. Pas de mots. La mémoire, les lignes sont dans l’œil – innées –, et les parfums en conscience des pores, prophétie par ce pertuis qu’il faut franchir. L’eau de la mer du Labrador et de Beaufort, d’Andaman, de la Mer Jaune, de la Mer Rouge et celle de Java bientôt montera. L’odeur de la nuit est d’une sauvagerie qu’ainsi et mémoire, admettent sans illusion.

Déjà le rut d’un souvenir contracte les lombaires du rêve, mais sans que la réminiscence ne détériore la nature vertébrale et gazeuse de l’affermissement. Ça respire, entend et voit. Cet impossible lieu parle plus vite que les mots. Le corps y est coupé par l’attente, mais respire encor la hâte de commencer. Le souffle menace même d’aller plus vite à sentir l’imminente rupture. N’y rien attendre est une urgence d’éther.

L’eau de la mer de Timor, de Célèbes, de banda, d’Arafura, de Bismarck et celle des Salomon bientôt montera ; l’eau de la mer des philippines, de la mer Blanche, de la mer de Sibérie, de Corail, de Marmara et celle de Tasman aussi. Et puis après tout, qu’importe ; nous nous ignorons tellement. Tourné vers le visible et l’invisible, tenant dans la bouche la clef d’un langage, ainsi ne change rien au monde. Sinon, que voudrait dire le réel → si sa masse n’était critique, se dissolvant et coagulant en permanence au gré des expériences que nous en faisons ; si son aria n’était ivre de ses aubes et de ses nuits aux condensations brûlantes.

Ça s’enfonce loin, non pas depuis la secousse des mots – leurs à-coups – mais sous la lumière et depuis la lumière. Ça se déplace d’ailleurs plus vite qu’eux, et, sans reconnaissance à leur égard, monte aux étages les plus sombres du dire, prend une cambuse et en tapisse les murs de graphes dont l’amorphisme des jambages en disperse les sources.

Ainsi trouble d’abord, abîme chaque fois un peu plus la perspective, heurte le regard lequel néanmoins peu à peu s’aiguise, glisse sous les contrastes et dépasse les apparences. D’abord la joie – poudreuse –, puis la confusion – un maelstrom de voix – bien sûr. Des paysages, des immeubles, des affiches de rue aux en-têtes colorés ceignent harmonieusement ce lieu indéfini où tout ce qui s’y produit ne semble témoigner que d’une différance, d’un saut à la fois obscur et transparent, à la fois vide et jalonné de repères que rythment les heures claires et volatiles du matin, puis celles de l’après-midi, lourdes et dorées, et les plus graves – presque ennuyeuses – qui lentement précèdent le mystère du nocturne, égrenant l’immobile rythme des ombres, comme le pas d’un cheval au travail à la longe trace le cerne étroit et répété d’un seuil.

Le silence y est une fréquence, un processus de questionnement, d’où naissent inquiétude et langage. Autour du miracle des heures, de la traîne des saisons, du tain des flaques où les silhouettes indécises se fragmentent entre ciel et terre ; autour de la trace ténue où se partagent puissance et l’idée d’être –  ce dont l’agilité du présent se sert mêlant les régions musicales des parfums à la salive crayeuse des peurs et des pensées –, autour d’impeccables intranquillités, partout des ors mangent dans sa main.

C’est d’Ainsi qu’émanent les fréquences, et que le hasard se comprend dans l’attente impatiente de bonté ; par transition fréquentielle.

Extrait de « Sans cesse » Editions TARMAC 2018

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Ne rien craindre des railleries, des mépris (suite)

Ainsi dessaisit tout aussi, mensonge comme vérité ; déroute, épuise, aère, enthousiasme ou obture la pensée, épanouit ou éreinte les corps, infiniment. Jouons-y le jeu des va-et-vient de l’esprit et des corps. Aimons-nous ! traversons le temps dans l’aura de la musique et les luminescences du rêve.                                                                                               

 Écoute seulement. Aveuglément.

Ainsi peut bien oublier constamment ses mues d’Ios  – rouilles négligemment abandonnées , et tenir aujourd’hui la gare de triage et le port (ses attroupements de grévistes) dans une durée énigmatique à la porte de l’inconnu que l’on ne passe qu’en vousoyant l’orée, l’oscillation du présent y est sublime.

Entre désordre → (phénomènes) et harmonie, plusieurs temps existent dont il est impossible d’effacer les traces.                                 Qu’il en soit Ainsi avec son aplomb ordinaire qui se confond ici dans les eaux vertes de l’embouchure et les vagues sur la digue écrasées, dispersées en milliers de gouttelettes, en petits miroirs disséminés par le vent dans les fossés de prose et de rosée, comme par-dessus les flancs rouillés des bateaux – pour certains chargés de voitures européennes, japonaises ou coréennes – alourdis pour d’autres par des quantités de bois ou de ferraille.  

Ainsi ne cherche pas à en savoir davantage. N’a jamais cherché non plus quelle curieuse parenthèse créatrice, quel processus, fit du corps notre étroit et inconfortable scaphandre. Ainsi fomente les formes, le sacrum de sa langue – le goût et le sexe –, plonge ses vertèbres dans le fracas hétéroclite de couleurs phénoménales, lâche des corps plus vrais que nature, les précipitant sur la matière même des choses, et laisse sans arrêt l’espace tomber.

In sic, voici mes moires qui dansent, nobles et rouées. Comme auront été bons vos yeux, d’abord sévères, puis attendris, portés sur les nôtres menacés par la chute, le rétrécissement du vide, l’occultation des signes. 

Entre l’Euphrate et le Tigre, comme au sortir d’un anéantissement     (Abu Ghraib de l’éden ; l’horreur des cages, des coups de trique, des corps rendus inhumains et des chiens démons)                               même si elle n’est rien que le souffle d’un sac de poussière, – cette poix sèche crachée, arrachée avec son tapioca glaireux qui obstrue de nuit les bronches, et qui s’accroche ensuite aux parois du pharynx, avant que les mots ne s’échouent disloqués vers la bouche   carte du monde et du soleil ; bouche si désœuvrée et tellement ensuquée par le vide et la peur, par la boue léthargique du dernier sommeil, qu’il lui faut d’abord épeler un juron, – la parole veut encore s’étoiler et déborder ses ruines leur ajustant des lés de ciels extravagants !

L’air bouge dans un signe très ancien que des effluves d’asphalte et le goût délicieux de mes cigarettes espagnoles embaument. À peine un éclat, un vague balancement, et c’est la totalité des choses qui fond sur l’arrière de la langue. Aujourd’hui est la mère, la permanence d’Ainsi.

Une pituite pleine d’une infinité d’images du monde ferme mes yeux sur le souvenir flottant du voyage ; la neige, les plages, et ces lueurs sur la peau de l’onde que les notes de Little Wing accompagnent, jusqu’à la maraude inconsciente des aurores entichées d’extraordinaires imagos qui content à toute vitesse l’inatteignable et immobile aisselle.

Impossible ainsi d’oublier celle qui aura dansé pour moi durant des jours dans une chambre minable d’un hôtel meublé. Arrêter ça. Mais comment ? Éternels ces moineaux qui, depuis la rambarde du balcon, nous épiaient puis, dans un vol rapide, venaient chaparder les miettes brunes de pain bis abandonnées sur les draps de notre lit international ! Quel cinéma !

Nous habituer à ne vouloir rien devenir

Des idées nous ont tenté et nous tentent encor, des images et des actions→ naissances. Avons ainsi épuisé un bon nombre d’hypothèses dans l’intention d’agir ; naître et renaître toujours. Mais est-ce bien de cela dont il est question ? des hommes tombent, et dans nos livres s’amenuise doucement le souvenir de la raison des corps et des rendez-vous dans l’atmosphère au grain léger.

Parfois, par grand calme, réapparaît pourtant la poussière des saisons qui ornait les chemins, les gravières du Drac blanc, les rives de la Neste d’Aure ou celles du gave d’Azun, les prés où, durant l’été, allongés en plein soleil, nous rechargions de chaleur nos corps engourdis par la fraîcheur des baignades.                 Certes, nous fîmes bien peu cas des guerres, du malheur des hommes. Certes, derrière nos masques, dans les arômes de nos cabines corporelles, individuelles et insatisfaisantes, avons dormi d’un sommeil malade, la tête abîmée, farcie de rêves et couverte de fêlures. Quelques fois nous nous serons aussi tout de même battus pour essayer l’exil, rejoindre dehors un espace asilaire et subtil ; un lieu idéal et commun. Du reste, avons aimé sans que jamais ou presque l’instinct n’ait pu assombrir aucun de nos gestes. Et si lors de nos étreintes –  le visage enfoui dans les voiles, les plis les plus intimes de l’être, la bouche embrassant et fouillant les muqueuses de velours et de musc d’où jaillissent des flopées d’étoiles, il ne fut pas tant cas de ruse du vouloir que de l’augural retour– , nos yeux, nez et langues ne cessèrent d’acclamer au périmètre des faces, ce qui en inondait les berges, la beauté et l’audace des crépitements, puis l’onction des émissions et leurs odeurs abondantes, envahissant notre désir fou et vain d’y pouvoir disparaître.

Coquillards enluminés de complaintes, n’ayant eu de cesse de nous déprendre, de nous éloigner du pays du père, des meutes – accomplissant à rebours des pratiques communes l’exubérant prodige de s’offrir quelques fraternelles solitudes -, on se filme pudiquement, sans caméra, avec la mort qui sait bien que l’on feint. Et on ne l’imagine pas – avec ou sans visage –, puisque nous la portons joyeusement, tournoyant et criant autour du rien, comme si l’on venait de naître.

Voilà. Déjà plus rien d’autre que la limpidité, l’air et les eaux de neige violaçant la peau, le vent aux lames froides balayant une voûte céleste au bleu luzien. Et nos simples figures tournées vers d’autres figures, d’autres corps, demandent au ciel de bien vouloir les accompagner. Car nous voulons nous étendre sous le ciel, et chanter en nous battant les lèvres avec les mains comme nous le faisions quand nous étions enfants ; entrer dans l’énonciation d’une langue étrange et complexe.

Compassion envers ceux qui réfuteront cet écoulement métamorphique du vivant.

Je ne le dis pour personne, cet espace de verre, hymne aux épaules sublimes. Ne rien craindre des railleries, des mépris. Ce qui nous ceint est un cœur sans durée. L’embrasser avec quoi : le texte → canto : aux paysages de pierres et d’herbe, d’évanescences claires et musicales du voyage intérieur. Mais c’est aussi dehors, montant vers l’épaule d’avril, par l’insaisissable échelle de splendeur, qu’il n’est plus lieu d’écrire. Y pourvoient déjà avec peine, les chapitres insaturés à doubles ou triples liaisons ; un peu mieux les primevères des talus jaunes et verts resurgissant sous le givre.

Mort, vois nos mains, nos inscriptions, entends notre souffle, il n’y a là-dedans rien qui puisse satisfaire tes masques.

Trop de travail sur la langue, pas assez d’écoute à l’égard du songe des signes et des légendes. Passé l’incrédulité, c’est-à-dire l’attention ahurie prêtée au déboulement sauvage d’une zébrure scindant soudainement le passage, il faudra du ciel et des corps se convaincre.

Il n’y eut pas d’année qui fixa mieux qu’une autre la permanence d’Ainsi. Averses de soleil et de nuit. Et nous, pauvres de nous, sommes venus plus d’une fois apposer souffle et lèvres sur des noms, des corps, des langages- corps, des histoires, et toujours on nous a sommé de révérer l’esprit du temps.

Ainsi _ prolifère là, sous la peau et non seulement dans l’idée, mais également par le corps craie, et pas uniquement par le corps craie, sa délicatesse tortueuse et bordée de pivoines et d’alouettes. Affleure par ce penchant pour les ciels et pour les corps qui dansent et chantent en frappant la terre des pieds. N’émerge point seulement de la terre ni seulement de la danse, mais aussi de toutes les époques cuites avec leur mémoire.

 Abonde par la bouche intuitive, et non par la seule raison. Ni absolument par l’œil.                                            Inonde mêmement le cœur, sa boîte noire et touffue, et non la seule gloire du souffle que la tétine du sommeil diminue jusqu’à l’amble et endort, mais bien sûr aussi par ce souffle que l’esprit sait rivière large et courbe dont le lit fomente le courage obscur d’enfants perles.

Ni dehors, ni dedans, mais dans la course immobile des temps, les corps translucides de l’enfance de l’aube ;   dans ta bave et ta flore, à l’à-pic d’une rêverie létale où l’âme fait le choix de la terre et de l’eau, se passe de durée, vide flottant à plusieurs cœurs au sens parfait des principes du rêve et des substances fondamentales ; dans les signes s’évanouissant sans perte ; sous les aspersions de la lumière, bondissant vers les lacs d’Ayous, au printemps des gentianes, des orchidées, jonquilles, renoncules et des parterres d’airelles bleues ou des tapis de camarines ; dans les contrastes sylvains de verts sombres que les grands cheveux blancs et froids des cascades brumisent ; ou dans le Néouvielle, lorsqu’on grimpait jusqu’aux derniers spasmes supportables, soit d’un soléaire, soit d’un gracile qui finalement nous jetaient riant et jurant dans  le délice de l’ombre d’un pin à crochets, passées les landines de genévriers nains et de raisins d’ours, et que nous n’existions ! et encor lorsque l’amour était partagé autour de gros morceaux de pain→eish la vie à pleine vinaigrette, et que la délicieuse salade de tomates était avalée et tout l’univers avec, et que le don ainsi ouvert, sa présence réelle, nous éloignait du souvenir.

Ainsi s’ouvre, multiplié. À tout de suite ! s’accomplit affecté, imparable. Toutes circonvolutions égales, et Ainsi de suite. On dort si près des rêves de l’autre déjà énoncés ; sèmes clairs et abstrus, corps lumière et tous les tableaux descendus jusqu’au sein de la langue, ses plis vocaux, et dans la chambre aux soies ciliées des cochlées électriques.

Ainsi renonce, plaide, perce, transperce, crève, démolit ; efface tout trace d’inquiétude tangible sur les pelouses, dans les arbres et les yeux aux iris verts de l’eau.

Ébruite l’insaisissable depuis un axe pyramidal, Kaïlash, jusqu’aux glacis de l’Ossau, verglas dans l’air vertical happant des ombres les bruits. Sans piété aucune sommes nombreux à n’en vouloir dire que l’enfance. Vidéo, je vois ; inadvertance primordiale ! sabayon luisant de tiges et brins ; pas grand-chose pour ainsi dire.

;indécidable, mal si pas serait n’ce                              

le souvenir heureux et guéri.

Assez de voix. Il faut entendre, doucement vivant. Ainsi très murmuré intercepte des douleurs les sonorités.

C’est Ainsi. L’impondérable dissémine sans cesse, et cela ne signifie rien.

Extrait de « Sans cesse » Editions TARMAC 2018

Image d’entête: travail personnel

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des réponses de virus

Habitant le dire, son style et son rythme, marchons vers ce qui ne s’explique. Aucune hallucination. La porte est ouverte. Tous les matins cette porte s’ouvre. Il s’agit bien de ça. Rien ni personne ne peut faire que cela puisse se dérouler autrement. Le temps nous appartient. Des anamorphoses | âmes-sources | dansent. Tous les matins un même petit soleil énoncé de nouveau en silence. Prose de la rosée du dire à rosée d’iris ignée d’amour boucle et bouche de commencement. Prose du vif qu’à chaque printemps la rose embaume, de la voute de nuit et d’échos où le bois et la pierre se métamorphosent, où coulent toutes les rivières et les fleuves. Prose de ma langue qui n’en est pas une, du livre muet mu par les corps qui se tiennent dans le présent comme dans l’imparfait. Prose de nos tristesses, de nos consolations, des parfums et des signes que nous adresse le vide, du livre qu’il faut taire pour retrouver le monde, de mes prières qui proférèrent sourdement le duvet de tes jambes jusqu’à ton gouffre, ciel d’en haut, l’œil à la serrure noire et rose, musicale. Prose des coquelicots puisque cela me fut permis de le dire, de la terre, des couleurs et des frôlements ivres de nos silences et de tous nos mouvements. Prose des lectures faites à voix basse. Prose de l’avancée des silences, de l’oubli, des discussions entretenues avec les morts, de mes lèvres sur tes seins comme sur l’infini ruban des jours. Prose des glissements géométriques des heures et des corps parés d’ombres et de clartés, de notre entêtement à aimer entre la nuit d’étoiles et l’horreur des massacres ; entre mon ciel familier et les murs d’Alep et de Minbej déchirés par les balles. Les bombes. Les barils d’explosifs. Les missiles TOW et M79. Les bombes au phosphore. Mais j’ai ouï dire qu’il ne valait mieux pas. Qu’il y avait quelque chose d’obscène à chanter ainsi. Que nous ne recevrons bientôt plus que des réponses. Des réponses éphémères et totales. Des réponses de vents, de canicules, de tempêtes solaires, d’incendies. Que sous peu nous n’aurons plus que des réponses vaudou. Des réponses de virus aux culs-de-sac organiques, d’oxyures, de fleurs virales, d’un rire jamais entendu. Des réponses de fous aux lèvres et aux paupières cousues. Il est bientôt six heures. Réveil rituel de l’asthmatique. Sylvie prépare le café. Petit déjeuner. Frugal. Inhaler le traitement de fond. Respirer profondément. Reprise des prières : respirer. Je sens mon cerveau se délecter de l’infatigable langage qui nous fait tanguer. À chacun de goûter son propre balancement. Sa musique intérieure. « Je danse sur le fil ». Entre les feuilles du temps pas d’instrument. Pas de temps. Mais une matrice invisible et fermée. Eaux et plusieurs Ciels. Mais des signaux venus du monde des mères. Et nos soleils intérieurs. Et des ondes sinusoïdales de sons et photons. Cantique quantique. Je suis en équilibre. Mes pieds entendent. Mes mains voient et je ne suis rien. Fleurs. Fleurs. Le gouffre. L’équilibre. La lumière. Arbres. Nos mains. Le voyage incessant dans les temps de notre histoire. Je me fie à l’étoile. J’écoute et distingue dans la tendresse des jardins du monde, et dans chaque regard qui s’y pose, un immémorial désir de bienveillance. Ne pas se reposer. La vérité est belle, hideuse et incompréhensible. « Oui, merci Sylvie, je veux bien un autre café. »

Extrait de « Sans cesse » Editions TARMAC 2018

Image d’entête: travail personnel (évocation du travail de l’artiste, Jean-François Simon)

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SANS CESSE – petite introduction

« Dans la rencontre amoureuse, je rebondis sans cesse, je suis léger. »

Roland Barthes – Fragments d’un discours amoureux

« L’eau parle sans cesse et jamais ne se répète. »

Octavio Paz – Liberté sur parole

SANS CESSE

Petite introduction

  Pour reprendre un peu les termes de la présentation que j’avais adressée à Jean-Claude Goiri lors de nos premiers contacts, je crois qu’il faut admettre cette prose poétique comme une sorte de prière athée ou profane qui par sa construction anarchique peut aussi ressembler il est vrai à une proposition libertaire.

  SANS CESSE est un texte vitaliste (que je revendique comme tel) tissant dans ses lignes les signes et les images d’une espérance dégagée de toute morale moralisante. C’est un texte doux et fort à la fois qui colle pas mal, par certains de ses aspects, aux questionnements de notre époque, mais dont l’intérêt principal réside, me semble-t-il, dans son désir adolescent de déchirer le voile d’une réalité dont on nous prie de croire par tous les moyens ou presque quelle serait ainsi, avec toutes ses fictions, à prendre ou à laisser. Le hasard qui d’ailleurs traverse souvent le chant apparaît comme une réciprocité à la nécessité, aujourd’hui plus que jamais, de croire aux forces de la vie.

  S’il n’y a dans ce texte aucune autre organisation que celle que le rêve et la spirale de l’ammonite mettent à la disposition de chacun de nous, SANS CESSE n’est pas pour autant un simple récit onirique. Bien entendu, de multiples lectures sont possibles. On peut très bien l’interpréter par exemple comme étant un regard posé sur le/les temps, où la poésie et la sensualité -parfois déclinées au deuxième degré- forment la trame d’une narration dans laquelle on est en mesure de reconnaitre les séquences d’une histoire quelque peu autobiographique faite d’expériences, d’apparitions et de rencontres au sens de « synchronicités » merveilleuses où le hasard, la mémoire et donc le rêve tiennent une place prépondérante.

  Miguel Angel Real qui a choisi d’en présenter des extraits dans la revue mexicaine La Piraña l’a compris avec beaucoup d’intuition. Si l’on en juge par les passages que le poète a sélectionnés pour les traduire en espagnol, on devine que son intérêt se porte sur ce que recèle ce texte quant aux questionnements relatifs à l’écriture, à la parole et aux méandres du dire qui prennent source dans les strates profondes de l’intime, et ne servent pas seulement à raconter une histoire. Il est vrai que les trois-quarts du récit proposés sous la forme d’un monologue intérieur, où le je et le tu établissent une sorte d’ambiguïté, posent la problématique de qui suis-je, qui parle et depuis quel lieu, mais aussi de l’isolement, de l’internement consenti de celui qui écrit depuis sa cellule et ne cesse de l’habiter comme une sorte d’aveu, ainsi que l’évoque la postface de Onuma Nemon. Ce qui par ailleurs n’empêche en rien la parole de s’en extraire trouvant naturellement la plupart du temps son accomplissement dans sa relation au vivant, et par conséquent, effectuant son rôle de transmettrice de signification qui lie le chant à la propre existence du narrateur, à sa corporéité, mais aussi à son rapport (critique) avec lui-même, avec le monde et le cosmos.

    Nous nous construisons tous une histoire qu’il est nécessaire de réinventer en permanence en la faisant vivre, revivre, en la prolongeant sans cesse tout en rebattant les cartes du rêve, et en rehaussant les voix qui par le passé nous ont pourtant déjà beaucoup dit, mais encore pas assez, tant on perçoit par leurs échos qui parfois arrivent jusqu’à nous, et fugitivement nous traversent, qu’elles nous manquent et nous hantent continuellement.

  Par le langage, c’est une part de l’inconscient qui pilote. Je n’invente rien. C’est Lacan qui le dit (mieux que moi). Mais si l’on excepte la poésie minimaliste, on sait bien que l’inscription ne cède jamais trop de terrain à l’indicible dénué de toute intention et en face duquel, de toute façon, la parole finit par s’éteindre.

  Toute inscription installe – énonce – donc le réel à sa façon, et occupe une temporalité anamorphique qui est la seule temporalité peut-être finalement qui vaille la peine d’être relatée.

Car dans une histoire – eût-elle été sommairement inscrite dans l’écorce d’un tronc d’arbre par la pointe d’un couteau -, ce sont bien les réminiscences qui, à travers la profusion des réflecteurs mémoriels, provoquent le geste du dire et par conséquent ce qui se manifeste dans le poème, la danse, le tableau, la photo, dans l’intonation du chant, etc. Tout comme elles provoquent le surgissement des présences, lesquelles peu à peu s’inscrivent au rythme des turbulences langagières dans l’énoncé de celui ou celle qui exprime à sa manière ce qui peuple son dire, circule en son sang, et parfois s’en défait.

Ainsi dégagé des contraintes comme des fictions, le dit se déliant de mémoires oubliées peut être alors au plus près du geste, libre de toute obligation esthétique ou de quelque autre principe.

  Je ne sais pas, au fond, si la « gestuelle » de SANS CESSE aura pu m’aider à me défaire des mémoires oubliées dont mon organisme pourrait avoir gardé traces. J’en doute. Si écrire est pour moi (comme pour nombre de mes semblables) une nécessité et une épreuve, cette pratique de cinglé ne résoudra probablement jamais totalement (pour ce qui me concerne) les traumas enfouis. Même si par endroits il y a eu des failles, et donc de profondes plongées, et que le dire a tournoyé au-dessus de l’Insula.

  Pour le reste, ce que l’on appelle communément le style – la manifestation presque physique du dire, sa danse -, je crois tout de même qu’un chant parvient à s’en dégager. Mais c’est un chant d’asthmatique qui s’inscrit dans un tissu de fortes activités émotionnelles ; un lieu où souffle et dit girent, se débordent mutuellement et s’arrogent le droit de se perdre comme de faire perdre à une lecture le fil de « l’histoire ». C’est désordonné, parfois presque non-verbal et par conséquent quasi-musical, comme dans la vie ; je veux dire accompagné d’une bande-son et image profuse.

  Rien à voir hélas, avec l’écriture de conscience, simple et forte, à la fois rassurante et inquiétante au sens d’un mouvement, d’une oscillation de l’être, corps et âme en équilibre constant dans la réalité du monde, que l’on rencontre par exemple chez Didier Ober, un poète Creusois que j’ai découvert dans la remuante revue Traction-Brabant.

On aime d’emblée son écriture parce qu’on la sent proche de nous, et qu’elle touche une part de l’intime, une part de notre conscience la plus profonde qui est en relation avec le cosmos. On lit sa poésie, et on est immédiatement embarqué, comme lorsqu’on fait rouler une pierre dans nos doigts, et que, par le simple fait d’observer le minéral, notre esprit s’échappe et nous éloigne subtilement des fictions ou des passions qui nous empoisonnent et nous emprisonnent. C’est simple et beau.

  Pour essayer d’être complet, je dois ajouter que SANS CESSE s’est construit pour partie au cours de ces dernières années au rythme de la publication de plusieurs recueils dans la Collection Encres Blanches des Editions Encres Vives dirigées par Michel Cosem.

Le principe : écrire dans un bloc-notes initialement intitulé Dormir le temps des « épisodes » ou « chapitres » qui seront immanquablement réécrits à « plusieurs voix », et s’engouffreront dans une infinie spirale de mondes, de textes (quelques fois détruits) et d’évènements (vécus de près ou de loin) aux correspondances réciproques. Ce sont eux qui accueilleront les toutes premières versions d’une prose réinventant en permanence le chant et ses métamorphoses qui circulent dans le sang d’un narrateur pluriel.

Ni discours ni mimique littéraire, mais une libre itinérance, une rhapsodie – au sens musical du terme – de solitudes, de coïncidences etc. qui interrompent parfois le banal cours des choses – la chronologie -, et rendent brusquement la réalité effrayante, sinistre ou merveilleuse.

  Des exigences cependant : aucune rhétorique codée, et que la prééminence du chant comme de l’écrit ne cède pas au lisible. À ce titre, l’indéfectible soutien de Michel Cosem à l’égard des poètes – et par conséquent à l’égard de la critique et des alertes que propose encore la poésie – est inestimable. Terre-à-terre fut publié en 2017 chez EV grâce à l’esprit d’ouverture de cet homme. C’est formidable. Je pense que personne d’autre n’aurait consenti à publier ce texte énumératif des espèces animales et des biotopes menacés de disparition. Terre-à-terre est peut-être d’ailleurs le dernier chapitre en date d’un livre qui aura toujours été davantage rêvé qu’il ne fut souhaité fini. Je ne retins pas ce « chapitre » pour SANS CESSE, mais sa présence enrichira très certainement de futures propositions.

  Le manuscrit personnel aura compté jusqu’à deux cents pages.

Pour certains éditeurs, l’ensemble était trop volumineux. Pour d’autres, c’était la nature-même du texte qu’ils jugeaient inclassable. Quelques revues cependant ont signalé le texte, comme la revue Secousse des Editions Obsidiane par l’intermédiaire de Christine Bonduelle et François Boddaert.

Nous sommes en 2016. J’affronte un Cancer, et Jean-Claude Goiri me fait part de sa volonté de publier mon chant dans sa totalité.

Durant plusieurs mois le manuscrit est alors passé au crible. Des pans entiers sont élagués, dégrossis, corrigés, mais avec la ferme intention de ne réduire du texte aucun de ses à-pics, de n’en gommer aucunes brisures ni d’en blanchir le plus petit de ses psaumes.

  Sa disposition « finale » se réalisera à l’occasion d’un pur jaillissement, d’une nécessité de proposer le début d’une réponse à – qui suis-je ou qui es-tu ? – correspondant au chapitre IV lequel, à mon sens, pouvait permettre à l’ensemble de tenir.

SANS CESSE s’est véritablement organisé à ce moment-là.

Ça chuchote partout et un peu dans tous les sens, mais il n’y est jamais question de répondre à la violence ou au mépris autrement que par un hymne à la joie, à l’ardeur spirituelle.

Patrice Maltaverne, le poète du réel, auteur de nombreux recueils, dira : « Ce qui est montré ici, c’est l’amour de la liberté et de la vie, la beauté des paysages, le désir des corps, bref, le côté solaire des choses…Une poésie de la lucidité également, envers et contre tout. »

Immense compliment.

 

  SANS CESSE est une errance qui n’en aura probablement jamais fini avec ses paysages.

Comme toute errance, elle ne s’inscrira jamais dans le sillage de ce qui se dit (doit se dire ou doit se faire). Elle est remplie et se nourrit d’un joyeux foutoir qui se moque pas mal des systèmes qui font de nous des cooptés ou de très discrets locataires du rêve.

Quoi qu’il en soit, elle restera ouverte à tous les vents, à tous les sens ; ancrée dans la parole, l’expression même de la vie.

« Sous mon diaphragme, je porte un vieil enfant qui suce à longueur de temps ses longs cheveux. Je suis incompréhensible. Et curieusement tous mes proches me reconnaissent, et accordent simplicité à mon langage quand je ne suis qu’à la tête d’un cortège de fictions. »

G.V

Article paru dans la rubrique L’établi du FPM sur le site des Editions Tarmac

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SANS CESSE

SANS CESSE – Âge de la lune : 6 jours 16 heures 16 minutes.

Âge de la lune : 6 jours 16 heures 16 minutes.

Je ne le dis pour personne ce lieu sans bords et sans hasard, au hasard de ce qui s’y manifeste et nous méduse. Ça en fait chier pas mal, la beauté, l’éblouissement. Air feu océan matrice, l’immense femme-tresse spirale révolutionne gire dévoue demeure voue existe virgule articule n’explique et n’identifie coupe sabre éclot sans but déterminé.

Du monde, je n’y ai jamais vu qu’une lisière à vrai dire peu fréquentée où les atomes bondissent dans la vibration d’une poix ondulante ; un Univers Aspic. The never ending trip… ainsi/ œil soleil oiseau /ne tourne pas les pages – jamais –, mais frappe les atomes, ramenant au temple d’insécables permanences. Soudaines sidérées, réverbérant un swing de lumière lente et bleue, mille faces en surgissent pourtant, inertes, récessives.

– « le sud ? » c’est par-là, maugréa-t-il sans lever les yeux, en indiquant de la main la porte donnant sur le couloir. Et il rajouta : « vous y ferez quoi dans le sud ? – « je n’sais pas… est-ce si important ? » et l’ombre disparut la chance→ suerte sur le terrain de l’homme, une corne en plein cœur.

Car il n’y a pas un point obscur, mais des entres, des songes extraordinaires où d’évidence rien ne s’endort : c’est Ga’nza, une explosion vertigineuse de lignes et d’images par milliers ; une transe sacrificielle, une danse de courage. À cet endroit de pure réalité, Ainsi n’est plus un fatum. C’est un maelström de chants, de danses et de musique.   Et la main qui porte la lame sur le prépuce porte un mystère et une souffrance. Derrière les cirrhes du grand tapage Ainsi admet tout. – « dis, quand reverrons-nous dans la mort, l’enchantement des fins dépassées ? »

L’eau de la mer des Tchouktches, des Sargasses et des Antilles, de la Méditerranée, de la mer d’Arabie et de la Caspienne, de la Mer Noire, de l’Adriatique, du Nord et celle de Chine bientôt montera. Vers le chant et ses lignes, fascinante mélopée, tous les points et les courbes d’un pur désert. L’ivre est là, cadenassé – inachevé, dans sa chair d’être et ses voix radiophoniques –, admettant la nuit.

L’eau de la Mer Baltique et celle du Japon, de la mer d’Okhotsk, de Béring, de Kara et celle de Barents ; l’eau de la mer des Laptev, du Groenland et de Norvège bientôt montera. Le corps est pris par les sens, le cœur lui tenant lieu d’aurores désordonnées. La fin est commencée, bifurcation ; c’est par là que ça commence. Ça exhale et veut parler, précipiter la fuite. Pas de mots. La mémoire, les lignes sont dans l’œil – innées –, et les parfums en conscience des pores, prophétie par ce pertuis qu’il faut franchir. L’eau de la mer du Labrador et de Beaufort, d’Andaman, de la Mer Jaune, de la Mer Rouge et celle de Java bientôt montera. L’odeur de la nuit est d’une sauvagerie qu’ainsi et mémoire, hallucinés par les ombres et leur tapage qui passent par les failles de l’enclos, admettent sans illusion. Déjà le rut d’un souvenir plaqué sur les reins du rêve, mais sans jamais perdre de vitesse sa durée vertébrale et gazeuse. Ça respire, entend et voit. Cet impossible lieu parle plus vite que les mots. Le corps y est coupé par l’attente, mais respire encor la hâte de commencer. Le souffle menace même d’aller plus vite à sentir l’imminente rupture. N’y rien attendre est une urgence d’éther.

L’eau de la mer de Timor, de Célèbes, de banda, d’Arafura, de Bismarck et celle des Salomon bientôt montera ; l’eau de la mer des philippines, de la mer Blanche, de la mer de Sibérie, de Corail, de Marmara et celle de Tasman aussi. Et puis après tout, qu’importe ; nous nous ignorons tellement. Tourné vers le visible et l’invisible, tenant dans la bouche la clef d’un langage, l’esprit aussi concret que l’air, néant ne change rien au tout, sinon que voudrait dire le réel si sa masse n’était critique, se dissolvant et coagulant en permanence ; si son aria n’était ivre de ses aubes aux condensations brûlantes.

Extrait de SANS CESSE de Gilles VENIER

Festival Permanent des Mots

Dans la Revue Festival permanent des mots, une note critique sur le dernier recueil de Gilles Venier, Terre-à-terre.  Que du bonheur! Vifs remerciements à Jean-Claude Goiri.

Note critique:   http://www.fepemos.com/single-post/2017/05/17/Terre-%C3%A0-terre-de-Gilles-Venier

Festival Permanent des Mots: http://www.fepemos.com/

 

Terre-à-terre – Poésiechroniquetamalle – Patrice Maltaverne

Publié par Poésiechroniquetamalle, l’espace critique de la revue de poésie Traction-brabant dirigée par Patrice Maltaverne, un compte rendu critique du dernier recueil de Gilles Venier, Terre-à-terre, ici:  http://poesiechroniquetamalle.blogspot.fr/

 

Terre-à-terre – Gilles Venier – 16 pages

Editions Encres Vives http://encresvives.wixsite.com/michelcosem/edition

ça dit quelque chose

 

Gilles Venier. Ça dit quelque chose Pdf

Tramway Pierremmanuel PROUX

 

Ça dit quelque chose, mais sans l’essence des pins, les cristaux et les rincées enluminées des pluies qui invitent le hasard à prolonger le récit.

Ça se produit assez fréquemment. Ça archange l’instant, et sa manifestation ne dépend pas que de moi-même.

Ça ne s’écrit d’ailleurs pas, ce cas de renversement intérieur, cette vérité. Ça va bien au-delà.

Extrait de « Prière »

 

 

 

 

 

 

 

Photo © Pierremmanuel PROUX

nullusdies.com